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Parti communiste français

Assez de provocations et d’irresponsabilité !

Déclaration du CEN adoptée suite aux événements en Ile de France

De très graves événements se produisent dans les quartiers populaires de plusieurs villes de France, notamment en région parisienne : voitures et bâtiments publics incendiés, actes de violence contre les pompiers, vandalisme, affrontements avec les forces de police, tirs de flash-ball et de grenades lacrymogènes, ...

Une mosquée a même été atteinte. L’immense majorité des femmes, des hommes et des jeunes de ces quartiers, a commencer par celles et ceux qui sont le plus en difficulté, sont les premières victimes de ces violences intolérables.

Cette explosion trouve son détonateur dans la politique irresponsable de provocation du Ministre de l’Intérieur, inspirée par des raisons politiciennes et d’ambition personnelle. Ruinant des années d’efforts d’élus locaux et d’associations, Nicolas Sarkozy n’a manqué aucune occasion, comme représentant de la République, de stigmatiser les populations de quartiers entiers. Il a utilisé leur propre souffrance - de la mort d’un enfant il y a quelques mois à celle de deux jeunes voici quelques jours - pour entretenir un amalgame odieux entre les femmes, les hommes et les familles confrontées aux pires difficultés avec la criminalité à laquelle il se montre même incapable de s’attaquer.

Stigmatisés, humiliés, discriminés, certains jeunes - en petit nombre - sont devenus les otages de cette logique d’affrontement dans laquelle ils croient à tort pouvoir exprimer leur colère, leur révolte et leur désespoir.

Nous voulons que la vérité soit établie sur l’enchaînement des faits qui ont conduit à cette situation. Une commission d’enquête parlementaire doit être mise en place ainsi que l’a demandé Marie-George Buffet, le 2 novembre, au nom des député-e-s communistes, dans les meilleurs délais.

Toute la lumière doit être faite.

Le Gouvernement se montre incapable de garantir l’ordre public. La politique du Ministre de l’Intérieur, recyclant des idées de l’extrême droite, est plus qu’un échec complet : elle attise toutes les tensions et produit le résultat strictement inverse de celui qu’elle prétend obtenir.

Nicolas Sarkozy doit être démis de ses fonctions. Le Gouvernement, qui le soutient, doit publiquement reconnaître son échec et décider un radical changement de sa politique de sécurité publique.

Mais la situation actuelle, rendue explosive par les provocations ministérielles, est le produit de très longues années de sous-estimation de la gravité des problèmes posés par ce qu’on a appelé la « crise urbaine », à laquelle les gouvernements successifs se sont refusés à répondre, favorisant les logiques libérales qui cassent les droits et les solidarités.

La sécurité publique ne peut se construire quand une part importante et croissante de la population est abandonnée à des difficultés sans solutions. Ce n’est pas un hasard si la jeunesse en est la première victime. Comment des familles déstructurées par le chômage et la précarité, vivant au jour le jour le déni des droits fondamentaux que proclame la République - à commencer par l’égalité devant la loi et la sécurité - pourrait-elle transmettre des repères ? Comment des jeunes qui ne voient l’aisance et la richesse qu’à la télévision, et qui vivent au quotidien pour eux et pour leurs familles des discriminations insupportables, pourraient se sentir partie-prenante de cet ordre social qui les méprise et qui nie leurs droits ? Comment l’échec scolaire, l’avenir bouché, le chômage et le désœuvrement, la méfiance dont ils se sentent visés ne feraient pas le lit des pires dérives, contribuant à en jeter certains dans les filets tendus par les délinquants et les mafieux ?

Rétablir l’ordre est une urgence extrême. Les responsables des violences et des dégradations doivent être sanctionnés. Cela ne passera pas par l’acceptation de l’escalade de la violence. Le Parti communiste propose de mettre en œuvre un ensemble de mesures permettant de mettre un terme à une évolution de plus en plus dangereuse.

1.Engager avec les populations concernées un véritable dialogue, montrant la détermination des pouvoirs publics à respecter leur dignité, à prendre avec eux leurs problèmes et leurs souffrances en considération pour y apporter des solutions. Ce dialogue, qui doit être développé dans un esprit de détente et non dans une logique de déploiement de forces répressives, suppose la mise en place immédiate de dispositifs de police de proximité, de partenariats entre tous les acteurs concernés : police, gendarmerie, justice, élus locaux, associations, Education nationale, réseaux de transport, bailleurs sociaux...

2.Accorder les très importants moyens nécessaires aux services publics dont dépend pour les populations concernées, et notamment les jeunes, la possibilité de prendre à part entière leur place dans la société :

-  aide aux familles et à la petite enfance ;

-  moyens massifs pour les collèges où se joue bien souvent l’avenir d’un ou d’une jeune ;

-  soutien important aux associations qui sont dans bien des cas le seul moyen d’agir efficacement ;

-  développement considérable des transports pour désenclaver certaines villes et certains quartiers ;

-  décision de faire du logement social une priorité par la création d’un service public du logement se donnant l’objectif de faire rapidement du droit à un toit un droit absolu ;

3.Faire de l’emploi et de la formation un axe prioritaire de toutes les politiques publiques, en visant une véritable sécurité d’emploi ou de formation.

4.Développement en grand, à l’exact inverse de ce qui se fait depuis des années, des moyens de protection de la jeunesse, notamment sur le terrain de la prévention.

5.Redonner leur dignité aux familles et aux jeunes :

-  Respecter la jeunesse de l’Etat à la cité, lui donner les moyens de son autonomie ;

-  Lancer un grand plan d’éradication de la pauvreté qui touche dans notre pays des millions de personnes, notamment des enfants ;

-  Supprimer toutes les lois qui portent atteintes aux libertés, organisent les discriminations et alimentent la cycle violence-répression-violence ;

-  Etablir une citoyenneté de résidence donnant le droit de vote à toute femme ou tout homme vivant en France.

6.Mettre la police au service de toute la nation, ce qui implique : démocratisation, formation, proximité, moyens adaptés.

7.S’attaquer vraiment à l’économie parallèle et aux trafics de tous genres, en marquant une détermination sans faille, jusqu’aux instances internationales, pour atteindre dans les paradis fiscaux ceux qui blanchissent l’argent sale, profitent et mettent en place les réseaux locaux.

8.Redonner du sens à la loi, ce qui implique : qu’elle soit la même pour toutes et tous ; qu’elle assure le respect des droits afin que la notion de devoirs reprenne tout son sens et sa légitimité pour chacun-e ; qu’elle soit effectivement élaborée par tous, ce qui suppose le développement de la citoyenneté et de la démocratie dans tous les domaines de la vie sociale, y compris le fonctionnement des services publics.

9.Donner à la justice les moyens de faire respecter la loi, également pour tous, ce qui implique, pour les magistrats comme dans le système pénitentiaire, les moyens nouveaux nécessaires pour faire de la sanction de chaque infraction le moyen de faire vivre et renforcer, dans le respect de chaque personne, les règles fondamentales qui permettent de vivre ensemble.


Le : 04.11.2005
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