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Contibution - Compte rendu - Propositions

Forum du 13 février 2006 : justice, liberté, sécurité

L’intervention de Henri Malberg en introduction du Forum - Compte rendu - Propositions

Qu’attendons-nous ? Qu’espérons-nous de cette soirée ? Beaucoup.

Nous avons placé ce forum sous le signe d’une double réflexion : sur la politique de la droite en matière de justice sécurité, liberté.
Et, question essentielle, ce que devrait-être la politique d’une gauche au pouvoir.

Quand on se souvient de la dernière période du gouvernement de la gauche plurielle et de sa débandade sous la pression des idées sécuritaires on voit que cette question est essentielle.

Nous espérons ce soir avancer ensemble avec nos expériences, notre diversité politique pour éclairer ces questions.

Le moment est étonnant.

Nous ne pouvions pas voici deux mois imaginer une telle actualité.

-  D’abord avec Outreau la question de la justice revient en force dans le débat public
-  Et puis ces jours-ci la situation dans les prisons fait l’objet d’un rapport cinglant du commissaire européen Del Ponte qui a visité sept prisons françaises ces derniers mois. Désolant.
-  Et voici que, le même Conseil européen adopte le 11 janvier des règles pénitentiaires, que le gouvernement français signe sans sourciller. Elles constituent un bloc d’idées progressistes qui en dit long sur le retard français.

Ainsi,
Alors que la vague politique et l’idéologie sécuritaire semblaient tout emporter, à nouveau les questions de la justice, des libertés, des droits, des prisons reviennent en force dans le débat politique.

-  Il est vrai que les partisans de la répression à tout crin qui refusent toute dimension sociale aux problèmes actuels de notre pays y compris en matière de délinquance “ sont mal ” dans le débat qui pointe à l’heure actuelle.
Mais qu’en sortira t-il ?

C’est tout le problème.

-  Un flop dérisoire : l’idée qu’un vilain petit juge bête et méchant couvert par sa hiérarchie est responsable de tout et que quelques aménagements suffiront à l’affaire ?
-  Ou le pire ?

C’est-à-dire une réforme ultra-réactionnaire de la justice qui la rendra encore plus sourde aux problèmes de la société, plus asservie au pouvoir politique plus déséquilibrée en faveur des riches, des puissants, de ceux qui savent se défendre et qui en ont les moyens.

-  Mais pourquoi ne sortirait t-il pas le mieux ? Une prise de conscience populaire un grand débat politique et le choix par toute la gauche d’une politique progressiste en matière de liberté, sécurité et pénitentiaire.

C’est mal parti pensent certains...

-  Pas sûr. En tout cas c’est à cela que nous voulons tendre.

A propos d’Outreau j’ai encore envie d’ajouter ceci :

Et si avançait l’idée suivante : la cause en définitive de cette catastrophe judiciaire c’est la pression permanente politique et médiatique qui cherche à faire de la sécurité le cœur de la vie actuelle.

Jour après jour on incite à penser qu’une vague criminelle de viols, de pédophiles, d’horreur submergent la France en même temps que le mépris des pauvres et des petites gens. Et ce culte de la police ?

Et jour après jour la droite, des ministres, des députés de la majorité brocardent des gens comme nous ici, “ les tolérants ”, “ les tièdes ”, les “ bonnes âmes ”, “ les droits de l’hommistes ” qui parlent de respect de la personne, de présomption d’innocence, de peine de substitution à la prison, de libération conditionnelle des longues peines et de dimension sociale de la question de la délinquance.

C’est cette ambiance qui est en cause, et peut-être le 20 heures sur les chaînes télévisées qui produit des Burgaud et des Outreau.
Je ne parle même pas des peines distribuées, à l’abattage, chaque jour dans les comparutions immédiates.

Oui il me semble qu’il faut profiter de cette fenêtre, peut être historique, qui interroge des millions de gens L’enjeu concerne évidemment la justice mais pas seulement. La droite veut faire reculer dans la conscience populaire les questions sociales qui historiquement font rêver : le Front populaire, le programme du Conseil national de la résistance, les droits sociaux, l’amour de la liberté, pour y substituer la hantise et la peur de l’autre, du chômeur, du jeune, de l’étranger, de “ l’envahisseur ”. L’Etat pénal en place de l’Etat social, comme le dit le Président de la Ligue des droits de l’homme.
Et il s’agit ainsi de faire capituler la gauche sur ces valeurs et de mettre sur la défensive tout le mouvement social.

Ainsi la déroute d’Outreau ouvre un champ de réflexions qui peut beaucoup apporter, à la justice elle-même et à l’ensemble du débat sur l’alternative.
Toutes ces questions nous travaillent elles nous incitent au dialogue avec tous ceux, et nos invités en témoignent, qui ne sont pas dupes et veulent faire bouger les choses.

Mais que faire ?
Il s’agit de résistance. Cela nous savons tous faire. Il faut le faire encore plus.
Comment ne pas dire à ce propos le scandale que représente, ces jours-ci la loi Sarkozy sur les migrants ? Ainsi vont se fabriquer des dizaines de milliers de sans-papier, qui vont peupler des centres de rétention abominables. Et, principe détestable, c’est le gouvernement et les patrons qui vont choisir les bons immigrés.

Il s’agit de débats d’idées : comment et avec quels arguments, quel appel à l’intelligence, on peut faire reculer la vague réactionnaire inquiétante que la droite voudrait déchaîner ?
Et comment travailler à énoncer les réformes démocratiques, et convaincantes, réellement démocratiques, qui redonneront entièrement à la gauche le drapeau de la liberté, des droits de l’homme, inséparables du progrès social ?
Comme dirait l’autre, vaste programme. Voici donc notre ambition ce soir.

Encore un mot. Nous allons si vos le voulez bien enregistrer les interventions et le débat. Le redonner à chacun pour qu’il le retravaille et chercher très vite à l’éditer de manière certes modeste, mais comme référence.


Compte rendu :

Le 13 février, devant une salle pleine, Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’homme ; le magistrat Serge Portelli ; la présidente du syndicat de la magistrature, Aïda Chouk ; Céline Curt du bureau national des avocats de France ; le chercheur, Pierre Tournier, président du club « Social démocrate, dès maintenant », le président de l’Observatoire international des prison, Gabriel Mouesca ; le secrétaire national de la CGT pénitentiaire, Michel Pouponnot, Nicolas Frize, compositeur chercheur et Nicole Borvo pour le Parti communiste, Christian Piquet pour la LCR, et Laurent Leriche des Verts, ont exposé leurs analyses et leurs propositions. En présence de Marie-George Buffet.

A l’initiative du Parti communiste et de sa commission Justice le succès de ce forum marque une étape dans les combats démocratiques actuels et une évolution dans le débat politique. Après Outreau, les nouveaux rapports sur l’état catastrophiques des prisons, le combat s’aiguise entre la droite, les partisans d’une dérive sécuritaire comme réponse centrale aux problèmes de la société, et les forces progressistes représentées ici par leurs principaux dirigeants. Chose importante : de très nombreuses idées et objectifs pour une véritable politique de gauche ont été exposés.

Ainsi la notion d’urgence face à une offensive autoritaire et liberticide qui va de paire avec la politique économique et sociale. Urgence aussi pour faire face, idées contre idées à l’idéologie de la peur, de la division, du catastrophisme qui est une arme politique de la droite. Aussi le fait que les derniers événements comme Outreau provoquent des réflexions populaires qui permettent de montrer les conséquences des dérives sécuritaires actuelles. Pour l’avenir il y a absolue nécessité de revenir sur le bloc législatif ultra-réactionnaire qui vient de déferler. De nombreuses propositions ont été débattues visant notamment à reconsidérer la place de la justice dans la société et ses moyens, la mise en place d’un service public qui favorise un accès égal à tous les citoyens et très précisément des mesures de garanties des libertés individuelles en rapport avec la garde à vue, la limitation de la détention provisoire

-  S’agissant de la situation pénitentiaire un grand nombre de propositions alternatives ont été exposées, elles vont rendues publiques très prochainement.

Les interventions et la discussion vont être publiées rapidement ainsi qu’un document qui rassemblera toutes les propositions et idées qui ont été formulées par les uns et les autres comme base d’une autre politique.

Ainsi, l’état des lieux et les propositions, pour une autre politique, vont se trouver rassemblés pour alimenter l’action, le débat politiques et les débats à gauche. En ce moment où les questions des libertés, de la justice, de la sécurité, des prisons, sont au cœur de l’actualité, remplissent les pages des journaux et constituent souvent l’information principale des journaux télévisés, cette soirée est un événement politique très positifs.

Henri Malberg.


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Le : 16.02.2006
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