Participer Nouveautés Agenda Contributions Sur le net

Les Verts

Choix scientifiques et techniques, recherche : Des enjeux sociaux et démocratiques

Groupe de travail programme des Verts

Recherche fondamentale et recherche finalisée, de plus en plus liées, sont priées, pour sauver la croissance, d’être le moteur de l’innovation, dans une compétition effrénée vers la mise continue sur le marché de nouveaux produits. Trop souvent, cela se produit sans étude préalable des risques éventuels à long terme et sans que réflexions éthiques ni débats collectifs sur les enjeux n’aient été menés. En même temps, les défis posés par notre mode de développement, les ressources limitées de la Terre, imposent de faire de la recherche une priorité indiscutée. Les avenirs, les solutions possibles se déterminent en effet - en partie - dans les laboratoires.

PROPOSITIONS

La recherche doit œuvrer en faveur de la qualité de vie tout en préservant la planète pour les générations futures. Elle doit aussi accroître et diffuser les savoirs. Cela nécessite un engagement résolu, des investissements, de la Région à l’Europe, en passant par la Nation.

-  Pour une recherche fondamentale dotée des moyens d’une ambition écologique :

o Il est nécessaire de procéder à des recrutements continus, sur postes non précaires et en nombre suffisant, avec des salaires dignes, pour préparer le renouvellement échelonné des générations.

o Les financements doivent autoriser non seulement des sujets de recherche hautement compétitifs mais aussi d’autres, moins à la mode, dont l’importance peut se révéler du jour au lendemain (maladies émergentes, révolutions conceptuelles...).

o Pour favoriser la créativité dans la recherche, il faut assurer une liberté des thèmes de recherche et abolir la dictature des évaluations-audits faites sur la base d’indicateurs quasi-automatisés. La pluridisciplinarité, la transversalité des projets doivent être encouragées.

o Afin d’accueillir de jeunes étrangers ou des Français expatriés, des postes contractuels de longue durée (5 ans) doivent être créés en sus des postes statutaires. Attribués sur projet scientifique original, ils seront dotés des moyens de fonctionnement adéquats.

o Des mécanismes souples de gestion du temps professionnel, des simplifications du schéma d’organisation de la recherche publique, permettront de favoriser la pratique de la recherche par les enseignants-chercheurs, par les médecins hospitaliers, comme celle de l’enseignement par les chercheurs. Les parts respectives attribuées à chacune de ces missions pourront varier sur la longueur de la vie professionnelle.

o En matière de parité, la France doit atteindre, voire dépasser les objectifs fixés par l’UE (au moins 40 % de personnes de chaque sexe dans tous les comités, jurys, etc.).

o Les équipes de recherche publique doivent pouvoir travailler intégralement sur fonds publics, ne passant de contrats avec le privé que dans l’intérêt de la recherche et non pour cause de contraintes financières.

-  Pour une recherche finalisée vers l’innovation utile socialement

o Compréhension et évaluation des risques, comportements déviants, recherche sur les économies d’énergie, produits durables, logiques alternatives de santé publique, agriculture bio... C’est à nouveau la pluridisciplinarité qui doit régner, par exemple dans des structures thématiques créées pour favoriser le côtoiement des biologistes, physiciens, sociologues... Ces nouveaux lieux de recherche ne doivent en aucune manière affaiblir les établissements de recherche existants qui, au contraire, doivent être confortés.

-  Pour une recherche associative et citoyenne

o Diverses mesures (financement de laboratoires associatifs, détachement de chercheurs, bourses de thèse) permettront de développer un "tiers-secteur scientifique", qui donnera aux mouvements associatifs et citoyens des moyens d’expertise et de recherche.

o La liberté d’accès aux résultats de la recherche constitue un objectif prioritaire au niveau mondial.

o L’expression collective des citoyens sur les priorités sociétales, sur les investissements très lourds, doit être favorisée par l’organisation de grands débats (régionaux etc.) où citoyens, associations, entreprises, syndicats échangent directement avec les chercheurs et les politiques.

o Sur les grandes questions : clonage du vivant, fût-il thérapeutique, OGM, réchauffement climatique, devenir des déchets nucléaires, les conférences de citoyens et d’autres outils (commission nationale du débat public...) sont à développer.

o L’expertise collective et contradictoire est une nécessité ; elle ne doit pas rechercher à tout prix un consensus, mais permettre l’expression et l’écoute d’avis divergents.

o Le "droit d’alerte" des chercheurs doit être garanti quelle que soit la position de leurs employeurs.

o La citoyenneté scientifique doit être encouragée par tous moyens : jumelages lycées/universités autorisant des contacts directs entre chercheurs et jeunes, multiplication des lieux d’information sur la science (cafés scientifiques, boutiques de sciences).

o Un plan d’action doit être développé vis-à-vis des médias afin d’accroître l’information de qualité dans les domaines scientifiques, renforçant ainsi la capacité des citoyens à appréhender les enjeux dans leur globalité.

o La réforme du droit de la propriété intellectuelle à l’OMC ne doit pas autoriser une extension des champs d’application des brevets, mais privilégier les institutions publiques de recherche afin de défendre des logiques d’intérêt général.

Régions

Les régions doivent pouvoir développer une ambitieuse politique de recherche à base d’appels d’offres, de moyens incitatifs, d’allocations de thèse, l’Etat intervenant pour renforcer les moyens des régions les moins favorisées.

Europe

Accélération de la mise en place de l’Espace Européen de Recherche pour développer des recherches intégrées, sans qu’elles ne soient nécessairement couplées à un enjeu de valorisation immédiate, ni à la présence d’industriels dans les "tours de table".


Le : 22.10.2005
Imprimer Envoyer