Compte rendu

Forum - Alternative

Gironde - Bègles

2 thèmes ont été abordés, un 3e survolé : Comment conduire les entreprises à respecter l’intérêt général, production, pouvoir d’achat...
Comment assurer à tous le respect des droits fondamentaux à l’égalité, la liberté, la sécurité, la dignité...
Quelle 6e République pour permettre aux citoyens de se faire entendre et d’intervenir en permanence dans le fonctionnement des institutions...

Sur le 1er thème

Au plan économique, la condamnation est unanime de la logique ultralibérale qui seule guide les entreprises aujourd’hui qui privilégient la rémunération des actionnaires au détriment de l’investissement dans la production, les emplois, la formation et les salaires.

Il faut renverser la vapeur, dit un militant de l’APEIS. Pour relancer vraiment la croissance, il faut augmenter les salaires, retraites et minima sociaux, revaloriser ainsi le pouvoir d’achat. S’attaquer au chômage qui permet aux entreprises de peser sur les salaires et sur l’emploi.

Viennent les propositions de taxer les profits des entreprises et les flux boursiers de capitaux (taxe Tobin) avec l’idée que ce seraient là des choix politiques qui s’imposeraient à la logique économique, à l’inverse de l’idée dominante que le politique ne pourrait rien face à l’économie.

Sur les entreprises, une différenciation se fait entre entreprises à l’échelle locale, nationale et internationale, avec des structures juridiques multiples. Souvent les petites entreprises sont sous traitantes ou filiales de grands groupes qui ne jouent pas la solidarité mais la mise en concurrence dans les secteurs juteux.

L’entreprise privée a changé, autrefois les actionnaires pouvaient aussi être des professionnels d’un secteur, comme la santé par exemple avec les cliniques privées. Les grands groupes, les banques investissent aujourd’hui indifféremment dans la santé, l’eau, la grande distribution, les transports, etc... avec pour seul objectif de rentabiliser leur placement financier.

En 20 ans, la rémunération de 40% pour le capital et 60 % pour le travail a été inversée.

Alors qu’un sondage montre que 70% des salariés font confiance à leurs dirigeants, comment faire pour là aussi renverser la vapeur ?

Mais est-ce mieux dans le public avec des créneaux livrés au privé ?

Il y a besoin de redonner du contenu à la notion de service et aux missions de service public et redéfinir ainsi le sens de l’intérêt général. L’Etat peut et doit intervenir. Il a su le faire au sortir de la guerre.

Il faut s’attaquer aux droits que s’arrogent les actionnaires : le capital qu’ils investissent ne leur donne pas tous les droits et notamment de licencier.

Cela passe par des droits nouveaux pour les salariés, les élus, les citoyens, droit de regard et de contrôle sur la gestion, l’utilisation des fonds publics. Ex. de la loi Hue que la droite a abrogée mais qui n’était pas vraiment mise en application.

Sur la question comment agir sur le pouvoir, celui de l’argent, celui des majorités élues, celui des institutions, quelle citoyenneté...

Un débat contrasté s’est installé avec d’une part des participants qui voudraient davantage de mobilisation et d’harcèlement et d’autre part des participants qui en ont marre de harceler les pouvoirs de droite et de gauche et préfèrent construire avec d’autres des décisions, plutôt qu’elles soient prises à notre place. N’oublions pas que les mêmes salariés qui disent faire confiance à leur patron ont pour une part voté NON le 29 mai contre l’ultralibéralisme.

Face aux difficultés de mobilisation populaire reconnues implicitement par les participants, deux attitudes apparaissent : il faut renforcer la mobilisation sociale et politique, renforcer la voix et le poids des partis politiques et des organisations sociales, être plus visible d’une part, et d’autre part l’idée d’un changement de stratégie consistant à travailler la participation citoyenne et non pas ses représentations.

Il faut inventer des droits nouveaux pour les citoyens : élargir le droit d’initiative législative pour que puissent voir le jour des lois d’initiative populaire élaborées et contrôlées par les citoyens. Cela nécessite de donner des outils et des informations comme on l’a fait dans la campagne du référendum.

Il faut préparer l’échéance de 2007 mais travailler pour avant, pendant et au-delà.

Un acte fort pour 2007 : la première mesure à prendre serait d’abroger les lois votées par la droite ainsi que les lois que la gauche avait mises en place et qui sont néfastes au progrès social et économique.

La question de la réorientation de la fiscalité doit aussi être discutée avec les citoyens.

Sur les droits fondamentaux

Les événements dans les banlieues sont prégnants dans le débat.

Dans un contexte de violence gouvernementale, la question des discriminations sociales se pose avec force. La discrimination raciste est un facteur aggravant de celles qui existent déjà. Le rejet se fait de manière impitoyable : à l’embauche, pour le logement, pour l’éducation et la formation.

Une participante évoque ces jeunes qui chaque année n’ont pas de place dans les établissements professionnels publics et ceux pour lesquels on décide qu’ils n’ont pas le profil requis pour entrer en formation ou faire des stages et qu’on décide à leur place ce qui est bien pour eux. Ils disent « on en a marre d’être colonisés une deuxième fois ».

Plusieurs participants évoquent les difficultés de parcours d’une grande partie des jeunes, issus ou non de l’immigration, posant la question de la place de la jeunesse dans notre société.

La politique pénale envers les mineurs qui sont de plus en plus traités comme des adultes est dénoncée, un gamin de 14-16 ans est un adulte en construction, il ne faut pas le traiter comme un adulte et ne pas renoncer à l’éducatif au profit du répressif.

Les familles sont culpabilisées, renvoyée à une responsabilité individuelle alors que la responsabilité de la société, notamment de l’Education nationale, n’est pas mise en cause. Quelle solution apporte le collège à un jeune en difficulté : après l’avoir dévalorisé on lui propose une exclusion déguisée sous forme de voie professionnelle, exclusion programmée à 14 ans maintenant.

Le mouvement de révolte des jeunes dans les banlieues interroge : nous n’avons pas été suffisamment avec eux, dans la rue et dans les cités. Les jeunes se sont mis hors la loi et la réponse des partis politiques ne les satisfait pas. Ils n’ont pas confiance. Les jeunes doivent se rassembler pour se battre ensemble pour leurs droits, toutes cultures confondues.

Mais la discrimination et la criminalisation n’ont pas que les jeunes pour cible. Elles frappent « tout ceux qui bougent », les manifestants, les syndicalistes, les grévistes... La citoyenneté n’est pas qu’un problème de jeunes. Quelles perspectives, quelles solutions :

Il faut qu’il y ait une réponse publique, tous les discriminés ont besoin de plus de République.

Des lois existent sur les discriminations, les citoyens doivent s’en emparer et faire vivre le respect de la dignité au quotidien autour d’eux. Il ne faut plus attendre pour donner le droit de vote aux immigrés aux élections locales.

Se mobiliser pour faire respecter les droits des chômeurs, quel revenu pour les jeunes de moins de 25 ans ?

Il faut créer des observatoires de proximité dans les communes pour suivre la mise en œuvre des droits à l’emploi, la formation, au logement, à la protection sociale... Un débat s’instaure sur le service civique pour les uns civil pour d’autres : faut-il être contre par principe ou peut-on en changer le contenu en mettant en place des missions à but humanitaire ? Profitons des contradictions pour avancer vers des alternatives...