Appel de Marie Georges Buffet en clôture du 33ème congrès du Parti communiste français.
Il y a un gouffre entre ce que vous attendez, ce que vous exprimez dans les luttes sociales, et les politiques menées depuis des décennies.
Et la gauche en qui beaucoup ont placé un espoir, à trois reprises a beaucoup déçu. Nous-mêmes n’avons pas toujours été à la hauteur de ces espoirs.
Depuis trop longtemps, les volontés de changement n’arrivent pas à se traduire dans les urnes. Nous voulons mettre fin à cette situation qui blesse la démocratie et provoque tant de mal-vie. Il y en a assez du renoncement, de la violence sous toutes ses formes, du dépérissement des droits, de la crise économique, sociale et démocratique. Il faut rompre avec les logiques libérales et capitalistes qui nous conduisent à des malheurs grandissants.
La question de 2007, n’est pas de savoir comment se dénoueront les chocs des égo présidentiels, mais plutôt : sera-t-il possible, cette fois-ci, d’élire une politique qui change vraiment la vie ? Y aura-t-il un moyen pour vous d’exprimer vraiment votre voix ? Y aura-t-il un moyen de se rassembler majoritairement sur un projet vraiment courageux ?
J’ai la conviction que c’est possible. A condition de ne pas se figer dans les clivages du passé et les habitudes. A condition d’en finir avec ce bipartisme et ces alternances sans perspectives.
A condition de chercher à rassembler toutes les énergies antilibérales pour bouleverser la donne. Ce n’est pas une douce folie, ce n’est pas du vent : le 29 mai, c’est cela que nous avons fait ensemble. Et nous avons gagné. Tout cela ne peut pas rester lettre morte. Il y a devant nous une chance historique, et des attentes immenses.
Lors de leur congrès, les communistes ont lancé un appel à toutes les forces, à tous les hommes et les femmes qui veulent en être dans leur diversité, pour construire un grand rassemblement populaire et antilibéral.
Mais pour que cela ait lieu, il faut que les citoyennes et les citoyens interviennent, qu’ils disent ce qu’ils souhaitent. Dans les forums, dans les rencontres publiques de la gauche, nous vous invitons à venir nombreuses et nombreux pour apporter votre pierre à cette dynamique. Pour réussir, ensemble, nous avons besoin de tous. Je m’adresse à vous, parce que sans vous, cela risquerait fort de ne pas se faire et surtout, cela n’aurait pas de sens. La politique, la gauche, doivent être votre propriété.
Construisons ensemble un programme à partir des luttes, du bouillonnement de débats qui se fait jour depuis près d’un an. Et construisons ensemble, pour les législatives et la présidentielle, des candidatures capables de porter ce programme, capables d’incarner ce rassemblement dans sa diversité de forces politiques et sociales et de personnalités. Pour la présidentielle, qui empoisonne la vie politique, nous proposons qu’un homme ou une femme issu de notre parti puisse incarner cela, à la façon dont nous l’avons fait lors de la campagne du référendum : en garantissant la place de chacune et chacun, en travaillant à une nouvelle victoire partagée. Il faut en débattre et lever les blocages.
Si nous parvenons à constituer ce rassemblement, avec la volonté de faire bouger toute la gauche, et de donner toute sa place à la dynamique populaire antilibérale, alors nous pourrons battre la droite et réussir à gauche en changeant vraiment et enfin la vie.
J’ai espoir. Beaucoup d’espoir. Je sais que par le passé la politique vous a beaucoup déçus, en ne répondant pas à vos besoins, vos attentes, vos aspirations. C’est à cela que nous voulons mettre fin.