CPE : les propositions alternatives

La précarité n’est pas une fatalité

La mobilisation contre le Contrat Première Embauche de la journée d’hier montre la volonté d’une jeunesse à ne pas accepter les solutions toutes faites du gouvernement.

Si l’absence de croissance et la concurrence des pays à faibles coûts salariaux sont un fait, le désir d’une autre société se précise.

Petit retour sur un panel de propositions - même si les idées non pas de copyright - des uns et des autres, pour faire face et dépasser la précarité du monde du travail actuel, et celle qu’on nous promet.

Les dernières propositions concrêtes ayant assez de visibilité pour être retenues, émmanent du PCF et du PS :


Dans un projet de tract pour la journée du 7 mars, le PCF propose les éléments suivant :

Engager un plan pluriannuel de conversion de tous les emplois précaires en emplois stables et correctement rémunérés

-  Nous proposons la mise en place d’un plan pluriannuel de résorption de l’emploi précaire, avec des objectifs annuels nationaux et régionaux chiffrés et contraignants. Ce plan concernerait massivement les jeunes, dans la mesure où 70% de leur premier emploi se font sur un mode précaire.

Dans le même esprit nous proposons de lutter contre les abus du recours à l’intérim et aux CDD sous le motif de surcroît d’activité et d’exiger un plafond maximum, par entreprise, du recours à l’emploi précaire. Cela passerait, dans l’immédiat, par l’exigence d’une taxation dissuasive du recours au travail précaire.

Nous appelons tous les précaires à exiger un statut de transition pour permettre de sortir de la précarité.

Baisser le coût du crédit pour l’emploi plutôt que le coût du travail.

-  Il faut rompre avec les politiques de baisse des cotisations sociales patronales et utiliser autrement l’argent que mobilisent ces baisses (plus de 20 milliards d’euros par an aujourd’hui).

-  Cet argent pourrait servir à baisser le coût du crédit aux entreprises dans la mesure où elles créent des emplois stables et correctement rémunérés et font des efforts de formation. L’argent public servant aux baisses de cotisations sociales patronales pourrait être affecté à un Fonds national et décentralisé pour l’emploi et la formation, géré avec les élus et des représentants des salariés. Ce Fonds prendrait en charge une partie des intérêts versés aux banques par les entreprises sur les crédits pour leurs investissements : plus ceux-ci programmeraient d’emplois et de mises en formation débouchant sur un emploi et plus le coût du crédit serait ainsi allégé (bonifi cation).

Tout ceci s’inscrirait dans la construction progressive d’un système de Sécurité d’Emploi ou de Formation pour chacune, avec une mobilité dans la sécurité de droits et de revenu relevés et l’accès pour chacun-e à la formation tout le long de la vie.

C’est dans cette perspective aussi que nous nous prononçons pour la création d’une allocation d’autonomie pour les jeunes leur permettant d’être économiquement indépendants de leurs parents et d’accéder en toute sécurité de droits et de revenu à l’emploi stable à la fin de leurs études.


Pour sa part, François Hollande dans son discours lors de la motion de censure, le 21 février 2006 à l’Assemblée nationale, estime qu’il faut "faire du CDI la forme normale d’embauche". Il précise :

A la conception qui est la vôtre et que je respecte - d’une société de la précarité, nous voulons y opposer une autre fondée sur les sécurités professionnelles.

Et c’est pourquoi nous faisons deux propositions en direction des moins de 26 ans :

-  le contrat sécurité formation pour précisément les jeunes sans qualification ou sans diplôme adapté et ne trouvent aucun travail. Ils n’en trouveront pas davantage avec le CPE. En revanche avec le contrat que nous proposons, le contrat sécurité formation nous disons clairement que tous les employeurs qui y souscriraient, auraient la couverture de l’aide liée précisément à la formation apportée aux jeunes. Ce qui veut dire la chose suivante : que tous les contrats à durée indéterminée pour les jeunes sans qualifications seraient subventionnés.

-  La deuxième proposition que nous faisons est la modulation des cotisations sociales selon la durée des contrats afin de faire du CDI la forme normale d’embauche. Ainsi que vous le suggère le rapport de M. Proglio qui vous a été remis affirme qu’il est aujourd’hui souhaitable non pas de créér un nouveau dispositif, mais de faire en sorte qu’avec le contrat à durée indéterminée avec cette modulation des cotisations sociales nous puissions encourager la durée d’un contrat et pénaliser les contrats précaires .

Et bien Monsieur le Premier ministre, je crois que vous ne voulez pas de ce rapport, nous le faisons nôtre.

Oui, il est possible de moduler les cotisations sociales selon la durée du contrat ;
Oui, il est possible de faire du CDI la forme normale d’embauche.

Enfin, aujourd’hui il y a un chiffre qui a été donné par la Commission d’orientation de l’emploi, nous dit-on 2500 aides à l’emploi et plus de 300 contrats qui existeraient tantôt pour encourager les jeunes, les seniors, les femmes, les personnes handicapées. Que disons-nous ? Aujourd’hui il faut une forme simple de contrats de travail.


A mettre en lien :

Le groupe des député-e-s communistes et républicains : le projet de loi

Les Verts : Formation : Se former tout au long de la vie

CFTC : Une formation professionnelle qualifiante tout au long de la vie

CGT : La sécurité sociale professionnelle, une utopie réaliste

ATTAC : Chômage : prendre les questions par la racine.
Par Christophe Ramaux