Confédération Générale du Travail

Halte à la frénésie des OPA. Mettre sur pied une véritable politique européenne de l’énergie.

CGT - Déclaration presse du 24 février 2006

La volonté affichée par le groupe Italien Enel, ancien monopole public privatisé à 70 % de s’emparer du groupe Suez en lançant une OPA hostile s’inscrit dans une logique marquée par une course au gigantisme engloutissant des milliards d’euros.

La volonté affichée par le groupe Italien Enel, ancien monopole public privatisé à 70 % de s’emparer du groupe Suez en lançant une OPA hostile s’inscrit dans une logique marquée par une course au gigantisme engloutissant des milliards d’euros.

Ce n’est là qu’une partie d’une vaste bataille entre groupes énergétiques européens à coup de milliards d’euros. Celle-ci ne répond pas aux enjeux actuels, au contraire. Il s’agit de se tailler une part de gâteau sans aucun véritable projet industriel. Les milliards d’argent frais mobilisés dans ces OPA vont manquer pour développer les indispensables projets industriels dont les différents pays européens ont besoin pour développer les réseaux et les moyens de production.

L’exemple d’EDF qui a perdu 7 milliards d’euros dans l’opération Edison en Italie est révélateur de ce point de vue. La Cgt dénonce l’absence de toute concertation avec les salariés alors que l’emploi et les garanties collectives des salariés sont souvent les premières cibles des groupes lors des recompositions capitalistiques.

Les évènements récents ont renforcé la perception des enjeux énergétiques au niveau mondial : pénuries d’électricité et hausse des prix sur le marché de gros en Europe, dépendance vis à vis des pays producteurs de gaz, épuisement des ressources pétrolières et envolée des cours mondiaux.

Face à cette situation, la Cgt considère qu’il est urgent que le gouvernement français et l’Union européenne demandent instamment à tous les acteurs en présence d’arrêter les manœuvres et les surenchères pour qu’une réflexion en profondeur s’engage sur ce que pourrait être une Europe de l’énergie et une politique européenne de l’énergie.

Le gouvernement français a d’ailleurs rédigé un mémorandum européen prenant en compte le besoin urgent que se mette en oeuvre une politique européenne de l’énergie répondant aux enjeux de l’indépendance énergétique, du développement des énergies de substitution au pétrole, de la lutte contre l’effet de serre et de la planification des investissements.

Le Conseil européen des 23 et 24 mars 2006 qui portera sur les questions énergétiques, devrait être l’occasion de cette réflexion. Certes, les bases actuelles sur lesquelles la Commission européenne a prévu de tenir ce sommet ne sont pas satisfaisantes.

Le Commissaire européen à l’énergie envisage en effet de pousser plus loin encore les feux de l’ouverture à la concurrence et de la séparation des fonctions de production, transport, et distribution d’électricité et de gaz.

Il y a donc à l’évidence une occasion à saisir pour reprendre le dossier européen de l’énergie sur des bases politiques en traitant simultanément :

-  la question des garanties sociales et des moyens d’intervention des salariés du secteur en Europe

-  la question de la politique énergétique européenne qui suppose de bâtir des projets européens impliquant les Etats et les groupes énergétiques sur la base d’intérêts de long terme

-  la question des intérêts nationaux fondamentaux et donc de la maîtrise publique associée.

La Cgt refuse de se faire enfermer dans une problématique de réponse au coup par coup comme cela se dessine avec l’alternative de la fusion Suez-GDF sans que l’ensemble des questions posées soient traitées au niveau européen comme au niveau national.

L’avenir du groupe Suez, doit être assuré tant sur la partie environnement que sur la partie énergétique.

L’avenir de Gaz de France doit, lui aussi être assuré sans remettre en cause la maîtrise publique associée aux limites à l’ouverture du capital fixées par la loi. Enfin, la mixité entre EDF et GDF du service assurant la distribution d’électricité et de gaz doit impérativement être préservée.


A mettre en persepective :

-  OPA d’ENEL : Déclaration du PCF

-  L’Etat Providence déstabilisé : la nécessité d’une défense et d’un renforcement (ATTAC)

-  Face aux licenciements de convenance boursière, les analyses et les propositions d’ATTAC

-  Des moyens financiers pour une nouvelle croissance française et européenne (PCF)

-  Une nouvelle donne pour l’Etat et les services publics (PS)