Parti communiste français

Une énergie propre et durable

Crise du climat, crise du pétrole, accès de tous à l’énergie : Le grand défi du 21ême siècle

Note d’Alain Hayot au CN

Aujourd’hui, la question de l’énergie est devenue l’un des grands problèmes, que le monde doit affronter et résoudre à l’échelle du 21ème siècle. Sans énergie nombre d’activités humaines ne sauraient se développer, transports, communication mais aussi des activités comme la santé et l’éducation.

Cette question est déterminante pour l’avenir de la planète et de l’humanité .Le constat que nous faisons de la situation, épuisement des ressources fossiles, aggravation de l’effet de serre, insuffisance de la production d’énergie sur le plan mondial est alarmant. L’accès de tous, au nord comme au sud, à une énergie propre et suffisante, non polluante et respectueuse du climat est l’un des défis que l’humanité doit relever impérativement, si nous voulons collectivement travailler à l’émancipation de chacun et au développement de tous.

1-Le constat

Sur le plan social, le constat que nous pouvons faire montre l’ampleur des efforts à accomplir .

-  Actuellement, 2,6milliards d’êtres humains ne disposent pas d’un approvisionnement correct en énergie et doivent au mieux se limiter à l’utilisation de bois comme combustible.
-  Si l’on ne tient compte que de l’augmentation démographique, la demande aura doublé d’ici 2050 Imaginons donc ce qui est nécessaire si nous voulons répondre aux besoins de tous, à l’échelle de la planète.

L’effort n’est pas moindre en ce qui concerne l’économie de matières premières et la protection du climat.

Actuellement, 80% de la ressource énergétique est assurée par l’énergie d’origine fossile( pétrole- gaz-charbon)

Or nous avons deux certitudes :

-  Les ressources énergétiques fossiles sont en voie d’épuisement, les spécialistes parlent de 20 à 60 ans selon les énergies. La combustion des énergies fossiles est génératrice de gaz à effet de serre(CO2 et méthane) et est en grande partie responsable du réchauffement climatique

La température moyenne du globe est déjà supérieure de 0,8 degré aux valeurs relevées au début de la révolution industrielle. Selon les experts, un réchauffement climatique de plus de deux degrés d’ici à la fin du siècle provoquerait de nombreuses et graves catastrophes. La prochaine période sera donc déterminante pour ce qui va se passer dans la deuxième moitié du 21ême siècle.

Notre génération porte la lourde responsabilité, comme jamais auparavant, de ce que sera la vie des générations futures.

Un premier pas vers la lutte contre le réchauffement climatique a été le protocole de Kyoto de décembre 1997
Les pays industrialisés et les pays de l’Est de l’Europe y compris la Russie se sont mis d’accord après de difficiles négociations sur un objectif global de réduction des émissions de 5,2% des gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2008-2012 par rapport à 1990, de 8% pour l’Union européenne et 0% pour la France du fait de l’importance de l’énergie d’origine nucléaire. Les pays du Sud sont exemptés durant cette première phase.

Mais le protocole de Kyoto a ses limites
La réduction de 5,2% des émissions de GES par rapport à 1990 est certes une première étape mais est très loin de répondre à l’ampleur du danger. Il ne sera pas suffisant de stabiliser les émissions de CO2 mais il faudra rapidement réduire fortement ces émissions pour enrayer le réchauffement climatique.

Engager une action de grande ampleur sur toute la planète est donc une urgence

Une course de vitesse est engagée.
Il n’est pas trop tard pour éviter un changement climatique incontrôlable. Tous les gouvernements et tous les citoyens doivent réagir. Cela implique un changement radical dans la manière de produire, de consommer et de se comporter.

Une révolution politique et culturelle
Prendre en compte les conséquences écologiques de notre activité dans les décisions économiques ; bannir les visions à courte vue du profit maximum immédiat qui est celle du capitalisme mondialisé. Autrement dit, il nous faut agir pour bâtir une économie alternative au capitalisme, sociale, écologique, durable et solidaire.

2-Une ambition forte :mobiliser la communauté mondiale sur deux grands objectifs

1)Proclamer le droit de chacun à une énergie propre, durable et renouvelable à l’échelle du 21ême siècle

2)Proclamer l’énergie bien commun de l’Humanité

1)Proclamer le droit de chacun à une énergie propre, durable et renouvelable à l’échelle du 21ême siècle

Les ressources énergétiques fossiles, pétrole et gaz, qui représentent en Europe près des 2/3 de la consommation d’énergie vont dans les prochaines décennies être totalement épuisées. Le pic de production de ces énergies est ou va être prochainement atteint et la production par conséquent va décroître régulièrement avec une envolée des prix en raison d’une demande dans le même temps en expansion. La question du relais à ces énergies se pose donc des maintenant. Plus on tardera à prendre les mesures de grande ampleur qui s’imposent plus la transition sera douloureuse et brutale.
Il est de le responsabilité de la communauté internationale d’anticiper l’épuisement des ressources fossiles en mettant les énergies renouvelables et les énergies non productrice de gaz à effet de serre au cœur d’un programme mondial de recherche, d’expérimentation , d’économie et de production propre et durable.
Dans ce cadre, la question aujourd’hui n’est certes pas d’opposer les différentes formes d’énergies entre elles mais de se dire que l’on aura besoin de toutes, surtout dans les prochaines années qui risquent d’être difficiles et que nous sommes loin d’être actuellement en mesure de pouvoir répondre à ce défi.
Une pénurie d’énergie ou une énergie extrêmement coûteuse conduirait de facto à un déclin économique sur toute la planète , à des tensions géostratégiques, à des guerres dont les pays les plus pauvres seraient les premières victimes.

Pour un programme d’économie et d’efficacité énergétique

Il faut repenser nos modes de consommation, de production, et d’aménagement du territoire avec le souci premier de l’économie et de l’efficacité énergétiques. Cela suppose dans l’immédiat et à moyen terme prendre des décisions dans toute une série de domaines et réorienter les politiques et réglementations publiques.

Dans le domaine des transports , il faut favoriser les transports collectifs urbains et interurbains, développer le ferroutage, le transport fluvial et le cabotage maritime, il faut aussi repenser les énergies utilisées par les voitures individuelles en limitant au maximum la production de GES.

Intégrer les critères écologiques , d’économie et d’efficacité énergétique dans les critères de gestion des entreprises publiques et privées.

Il faut revoir la construction de l’habitat et des équipements en incitant à des constructions économisant l’énergie et limitant leur impact sur l’environnement climatique , paysager et sanitaire.

Il s’agit enfin d’ouvrir le débat sur les formes actuelles de l’urbanisation et de l’aménagement du territoire. Conçus aujourd’hui sur la base de la recherche du profit maximum, l’urbanisation et l’aménagement du territoire sont trop consommateurs d’espace et d’énergie, trop producteurs de pollutions ayant des effets terribles sur la santé des individus et sur la biodiversité. C’est aujourd’hui qu’il faut réorienter les politiques publiques en ce domaine. Développer les énergies renouvelables

Les énergies renouvelables constituent un enjeu essentiel pour l’avenir de la planète. Les communistes se prononcent pour leur développement. Pour cela, il faut faire des efforts de recherche, d’expérimentation et de production.
Cela pourrait faire l’objet d’un programme mondial public avec ses déclinaisons à l’échelle de l’Europe et de la France.
Dans l’état actuel des choses, les énergies renouvelables ne sont pas en mesure de permettre de faire face à la totalité de l’évolution des besoins en énergie de la planète, à fortiori si nous nous fixons pour ambition de répondre aux besoins de tout ceux qui aujourd’hui n’ont pas accès à l’énergie. La complémentarité avec les autres formes d’énergie est donc indispensable, mais il est aussi indispensable de les développer à une grande échelle.

Donnons quelques exemples :

L’énergie éolienne contribue à la sécurité énergétique, à la réduction des pollutions mais elle n’est pas toujours disponible. Il est urgent de le soustraire aux appétits du capital et de l’inscrire dans une démarche de service public et respectueuse des paysages.

L’énergie géothermique vient des profondeur de la terre (eau chaude). Elle est exploitable quand elle est proche de la surface. C’est une source d’énergie inépuisable qui fournit de la chaleur et de l’électricité. Mais elle a un coût encore trop élevé.

De même dans l’habitat, il est possible de développer l’énergie solaire, avec sa capacité de production d’électricité provenant des toitures solaires

La biomasse qui permet de produire de l’énergie à partir de la fermentation des déchets agricoles ou de bois...

Utilisés comme additif aux carburants classiques, les biocarburants sont de deux sortes, l’éthanol obtenu à partir de la betterave ou de la canne à sucre et les diesters obtenus à partir du colza, tournesol...Ils ont un intérêt réel pour gérer la fin des hydrocarbures. Il est indispensable de veiller à ce que la production de ces carburants ne provoque pas la relance d’une agriculture intensive, fortement utilisatrice de pesticides.

3-L’hydrogène

Ce n’est pas à proprement parler une énergie renouvelable, mais la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau, permettra d’ici dix ou vingt ans, de disposer d’un moteur à combustible propre pour le transport.

4)Pour une énergie nucléaire propre

C’est l’énergie qui manifestement provoque le plus de débats. Ouvrons-le sans anathèmes et sans œillères.
D’un côté le nucléaire présente des avantages considérables ; il ne produit pas de gaz à effet de serre et a permis de répondre massivement aux besoins locaux. En France sous maîtrise publique il a permis de traverser sans trop grande difficulté les différents chocs pétroliers et la France réponde au delà des exigences de Kyoto en matire de GES. D’un autre côté, le nucléaire, a une origine militaire qui provoque à juste titre la peur et le rejet de toute utilisation guerrière. Les communistes partagent cette préoccupation et agissent avec d’autres pour l’interdiction définitive à l’échelle planétaire du nucléaire à des fins militaires.
Par ailleurs l’énergie nucléaire de fission pose des problèmes en matière de sécurité et produits des déchets à la gestion difficile dans l’espace et dans le temps.

Enfin, il nous faut gérer le caractère épuisable à moyen terme de la ressource en uranium
Pour toutes ces raisons les communistes pensent que le « si le nucléaire n’est pas la solution, il n’y a pas de solution sans le nucléaire ». Abordons clairement les difficultés : avancer dans la résolution des problèmes de sécurité, de déchets et de gestion des ressources exigent trois choses indissociablement liées : une maîtrise totalement publique, un développement décisif de la recherche, la transparence et la démocratie locale et globale autour de la production d’électricité comme de sa distribution et de la gestion des déchets comme de la sécurité des centrales et de leur impact sur l’environnement.

C’est à ces trois conditions que les communistes se prononcent pour la poursuite du programme de fission nucléaire (EPR, réacteur de 4ème génération ...)
C’est dans le même état d’esprit qu’ils soutiennent le programme de recherche sur la fusion nucléaire (ITER) qui peut permettre, s’il aboutit positivement, de résoudre les problèmes de déchets et de sécurité à l’horizon de la fin du siècle. Comme pour les énergies renouvelables nous nous prononçons pour un contrôle public et mondial de l’énergie nucléaire. Peut-être faut-il repenser et étendre les prérogatives de l’AIEA au côté d’une Agence mondiale de l’énergie.
Préparer dès maintenant la société post-pétrolière ne signifie pas qu’il faille s’accommoder de la situation actuelle de production des hydrocarbures. Maîtriser les prix en agissant pour les soustraire à la loi du profit capitaliste, travailler avec la recherche à limiter au maximum la production de gaz à effet de serre, produire des hybrides avec les énergies renouvelables, gérer notamment au Sud une production charbonnière dans des conditions conformes au protocole de Kyoto, agir pour l’application intégrale du protocole de Kyoto au Sud comme au Nord constituent des enjeux majeurs de la gestion finale des énergies fossiles. Dans ce cadre, nous nous prononçons contre le commerce des droits à polluer. Nul ne doit être dispenser de ce combat nécessaire contre la crise climatique.

2)Proclamer l’énergie bien commun de l’Humanité

Les communistes se prononcent pour un programme de maîtrise publique et démocratique de l’énergie pour tous, propre, durable et renouvelable

Pour l’ensemble des questions concernant l’énergie, il est urgent de créer une agence mondiale (dans le cadre de la réforme de l’ONU) avec des pouvoirs réels et s’appuyant à l’échelle des pays et des continents sur des pôles publics de l’énergie
Il est tout aussi indispensable de faire de la question énergétique des choix scientifiques et technologiques, des choix industriels, des objets de débats démocratiques associant les citoyens de chaque pays.
Ces considérations et la nécessité d’assurer la sécurité et la continuité des services, de même que favoriser les coopérations entre entreprises publiques et privées de la même filière nous conduisent à formuler la proposition d’un pôle public de l’énergie. Il s’agit de mobiliser les fonds des entreprises publiques et privées vers la satisfaction des besoins des populations
Les effets de la déréglementation engagée depuis deux décennies aux USA ou en Grande Bretagne, son rejet dans des pays comme le Brésil et l’Argentine démontrent la nécessité d’une autorité publique
En France, un tel pôle public, pourrait regrouper, sous une haute autorité nationale(composée démocratiquement de représentants de la Nation, de l’Etat, des partenaires sociaux, des dirigeants et personnels ) au moins, EDF, GDF, AREVA , la COGEMA, le CEA, TOTAL
En Europe, grandit l’idée d’ une politique énergétique commune. Celle-ci pourrait être basée sur quatre idées : l’indépendance énergétique de l’union européenne, le respect des engagements de Kyoto, le droit à l’énergie et un socle de garanties collectives pour les salariés .Restera à voir comment coordonner cette politique avec les différents organismes sur le plan mondial.
Souvent est mis en avant l’impossibilité d’assurer le financement de ces nouvelles énergies compte tenu des montants en jeu. Effectivement ces montants vont être considérables et si on s’inscrit dans le système actuel, libéral, les possibilités sont limitées et les obstacles nombreux (intérêts considérables en jeu). Il va donc falloir revoir de fond en comble le système économique actuel. Sortir de la religion du court terme, du profit maximum qui sacrifie l’investissement et le développement à long terme. Passer à une économie environnementalement durable. Réviser la fiscalité qui devra être plus pénalisante pour les énergies fossiles les plus polluantes et émettrices de GES.Investir dans les énergies nouvelles et de la recherche.
Mobiliser des financements nationaux, européens et mondiaux peut permettre de relever ce défi majeur à l’horizon du siècle pour notre avenir et celui des générations futures.