Compte rendu

Emploi et politique d’industrialisation

Territoire Belfort - Belfort - Le 24 novembre 2005

Intervenants : Fabien Maury (PCF), Bruno LEMERLE (CGT Sochaux), Joël NIESS (PCF adjoint au maire de Belfort), Jacques RAMBUR (CGT Alstom)

Présents : Olivier PREVOT (MRC adjoint au maire de la ville de Belfort chargé de la culture), Eugène HEIM (Parti Radical de Gauche)
Excusé : Ghani NIAME (secrétaire départemental de la fédération du PCF du T de Belfort)

Introduction de Joël NIESS :

Nous sommes dans un contexte de crise avec notamment les violences urbaines en banlieues qui est révélatrice du malaise social. On note un développement du mouvement social. Le but du gouvernement est d’accélérer la déstructuration de la société française. On ne tient pas compte de la demande de plus de services publics.. Volonté de faire taire les mouvements sociaux (via les média au service du patronat cf au référendum)

Ce forum à l’initiative du PCF s’inscrit dans une démarche de prolongement du verdict du NON. C’est une poursuite à ce NON républicain, à ce véritable vote de classe. Quelles sont les alternatives proposées en matière d’emploi et de politique d’industrialisation ?

Bruno LEMERLE (CGT Sochaux) : Contexte de suppressions d’emplois massives (cf Marti )

On note 3 aspects politiques :

1/ Contexte de précarité : Mise en concurrence des salariés (ex précaires et « stables »), c’est au salarié de payer les aléas du système. Il faudrait des lois pour condamner l’usage abusif de l’intérim, il faut mener une bataille afin que le CDI redevienne la norme. Le code du travail fixe encore des limites dans la précarité (rappel il faut 3 cas pour avoir recours à la précarité : activité saisonnière, absence, surcroît temporaire d’activité). Il y a besoin de relais sur le terrain politique, besoin de taxer les employeurs qui ont trop recours aux précaires.

2/ Contexte d’externalisation : c’est aussi mettre les salariés en concurrence, il y a là aussi besoin de modification dans la législation pour mettre la responsabilité du donneur d’ordre dans la sous-traitance. (cf St Nazaire)

3/ Contexte de délocalisations : Il faut bien distinguer la menace et la réalité. Se pose la question de la productivité mais besoin d’un service public qui suit. Sur cette question il ne faut pas avoir un repli nationaliste mais il ne faut pas laisser faire, il faut articuler. Depuis le référendum on a bien vu que les Français refusaient « la loi de la jungle « . Cette année on a assisté aux premières luttes européennes, il y a besoin de normes sociales européennes. Il faut avoir recours à la taxation des flux financiers, des réimportations, remettre en cause le système actuel de protection sociale (TVA sociale)

Jacques RAMBUR (CGT Alstom) : On nous offre une vision faussée de la situation actuelle d’Alstom On a assisté à un véritable tournant en 1998 avec l’entrée en bourse d’Alstom. La priorité est de renationaliser les grands groupes industriels. La France va devenir un « musée » où il n’y aura plus d’industries. Nous sommes un des départements de France les plus précaires, les nouvelles entreprises (Techn’hom, aéroparc de Fontaine) sont des entreprises où les droits sociaux sont remis en cause (difficulté d’y implanter des antennes syndicales) et avoir été salarié d’Alstom est un frein. Alstom il n’y a plus eu d’embauche depuis 10 ans, on assiste à un vieillissement du personnel, il n’y a plus de liens entre les salariés. Nécessité d’un SMIC à 1500 euros bruts/ par mois, d’une loi pour la retraite à 55 ans pour les travaux pénibles et reconnaissance des maladies professionnelles (amiante) redonner des droits aux salariés.

Olivier PREVOT (MRC adjoint au maire chargé de la culture) : Il est impossible de maintenir le groupe Alstom nationalisé. Ce qu’il faut c’est réguler la financiérisation mondiale. Nous sommes dans une logique où les patrons sont eux-mêmes les outils de la finance.

On a tous les inconvénients de la mondialisation sans en avoir les avantages. Nous avons des divergences avec le PCF sur les causes (sous entendu de l’exploitation capitaliste). Les citoyens ont bien compris ce qu’il se passait, maintenant il faut savoir comment occuper le terrain en vu de 2007, comment être audible (régler le problème des média). Le retour en arrière n’est pas possible.

Daniel COUQUEBERG (PCF) : Il faut redonner du sens au travail, la question financière est essentielle. Alstom n’est plus au service du développement. Il faut responsabiliser les entreprises. Il y a besoin de créer des pôles industriels (mettre en lien service public et privé). Nécessité de légiférer.

La Franche-comté est la première région de France au niveau de l’industrie. Enorme perte d’emplois, le tertiaire n’arrive plus à compenser ces emplois perdus. Nous sommes la région qui a le plus recours aux intérimaires. Par ailleurs la crise n’est pas pour tout le monde (+32% profits). On reconnaît que l’industrie est le moteur de l’économie mais il n’y a plus vraiment de projets industriels en France. Avec ces pôles de compétitivité on assiste à une mise en concurrence et à une compétition entre régions. Il ne faut pas attendre sur les politiques pour mener de vraies luttes sociales.

Eugène HEIM (PARTI Radical de Gauche) : Est-ce vraiment le rôle d’un syndicat à se prononcer sur le refus d’une privatisation (cf Marseille).

Il faut construire pour quoi ; pour des besoins

Création de coopératives, renforcement des syndicats. Nécessité de créer un programme commun.

Fabien MAURY (PCF) : Les salariés ont tout à fait le droit d’intervenir dans le refus d’une privatisation. Ce sont des citoyens. Il faut cesser avec ce pouvoir unique de droit divin. Il faut faire rentrer la démocratie dans l’entreprise.

Nous avons besoin de changement immédiat, ne pas attendre 2007. A partir du « NON » il faut créer une grande dynamique de transformation sociale, amélioration de façon immédiate, transformations sociales radicales. Les quartiers sont des zones de sous-développement qui sont directement la conséquence de la politique des grands groupes. On criminalise les actions syndicales, met en avant l’inefficacité de la grève, on dénigre ce qui a été obtenu.

Il faut par exemple créer des contrats de travail d’un nouveau type, des institutions nouvelles où l’on ne tomberait pas au chômage, contrôle par les salariés, nouvelle politique industrielle et de services. Le marché financier est incapable de financer la recherche et l’innovation. Comment construire ces « pôles de coopérations » (autre nom pour pôle de compétitivité). Les salariés, les élu(es) doivent pouvoir interférer dans la gestion des groupes.

Exiger un moratoire examinatoire publique afin de voir la réalité des difficultés d’une entreprise. Les salariés doivent avoir le pouvoir de faire des propositions au même titre que les patrons.

Faire peser :

Menace de remboursement des exonérations patronales
Menace de gel des avoirs des banques
Menaces sur les commandes publiques
Resocialisation au lieu de renationalisation
Il faut populariser les échecs de privatisation (ex échec de la privatisation de l’électricité aux USA, des chemins de fer en Grande Bretagne )

Daniel BRACONNIER (PCF) : Il faut donner des droits nouveaux aux salariés et qu’ils soient inscrits dans la constitution

Marie-France COUQUEBERG : Il faut mobiliser et surtout les jeunes. Les conditions de travail sont de plus en plus dures, les gens préfèrent rester au chômage que de travailler, ne pas systématiquement assister les gens, il faut valoriser le travail manuel, interdire la précarisation.

Daniel COUQUEBERG : Il y a besoin d’un plan de coopération inter entreprises au niveau national, régional, voire départemental

Bruno LEMERLE : Concernant le recours à l’intérim il faut prendre en compte la taille de l’entreprise.