L’Humanité

Jourdan : des solutions pour promouvoir l’emploi

Vous avez pris la parole, gardez-la !

Par Denis Barthosik (CGT cheminots, Romans), Frédéric Devine (PCF, Romans), Jean-Marc Durand (CN PCF, Romans), Martine Le Goff (élue titulaire CGT CE Jourdan), Jean-Louis Mollard (syndicaliste enseignant SNES), Frédéric Puech (agent EDF-GDF à Romans, secrétaire CGT énergie Drôme et Ardèche).

Quelle utilisation et quel contrôle des fonds publics ?

À Romans, les événements se précipitent : 3,7 millions d’euros de fonds publics sont promis, dont 1,2 million venant de l’État annoncés par M. Hortefeux, ministre des Collectivités territoriales, et 2,5 millions proposés par M. Queyranne, président de la région Rhône-Alpes (1,5 million au titre de la formation et 1 million pour des projets industriels). Les principaux actionnaires de Jourdan se sont engagés à rapatrier marques et titres et à les céder avec l’entreprise à tout éventuel repreneur pour un montant compris entre 500 000 et 1 million d’euros. La porte s’ouvre ainsi à de nouveaux candidats et, avec eux, à d’autres perspectives pour l’emploi. Car, s’il ne fait aucun doute que la lutte menée dans la capitale de la chaussure depuis la fin d’août - et qui ne faiblit pas - a largement contribué à faire bouger les lignes, tout n’est pas au beau fixe. Les deux projets officiels de reprise proposent, l’un de ne conserver que 130 emplois dont 47 emplois industriels, l’autre d’en garder 180 dont 80 emplois industriels. Cela sur un total général de 380 salariés. Quant à l’argent public annoncé, comment et à quelle fin sera-t-il utilisé ? Comment pourra-t-on encore parler d’aides publiques à la filière cuir et chaussures de Romans si la principale entreprise encore debout, Jourdan, voit son potentiel humain et matériel quasi réduit à néant ? Il s’agit donc maintenant d’émettre des solutions aptes à promouvoir l’emploi et la production. Aujourd’hui, l’annonce du retour des marques et licences Jourdan en France ouvre une véritable chance. Il faut s’en saisir. Pour cela il est indispensable de promouvoir tous les emplois existants, quitte à en assurer la modernisation par l’appel à la formation, et de subordonner toute attribution de fonds publics à la double exigence de développement d’un projet industriel assorti d’objectifs chiffrés et contrôlables en emplois, recherche et formation. Une véritable opportunité existe pour faire vivre un fonds régional pour l’emploi. Le besoin d’argent frais est réel vu les difficultés financières actuelles de Charles Jourdan France et de Charles Jourdan Industrie. En ce sens, les banques doivent être mobilisées. Dans des conditions telles que leur crédit incite contractuellement l’entreprise à réaliser les engagements les plus élevés en emplois et en investissements. Ce fonds permettrait de mobiliser des garanties. Doté par la région, il prendrait en charge tout ou partie des intérêts versés aux banques par l’entreprise sur ses crédits d’investissement selon son engagement au regard de l’emploi et de la formation. Une rupture commencerait ainsi à s’opérer avec les saupoudrages d’aides publiques à l’aveugle. Un suivi précis et rigoureux de son affectation serait parallèlement assuré tant par une commission de contrôle des fonds publics, adossée au fonds régional, que par le comité d’entreprise. Ce dernier verrait ses pouvoirs étendus et son droit d’alerte élargi afin d’attirer immédiatement l’attention de la commission et/ou des administrations financières sur tout risque de dérapage. Dotées des moyens législatifs adaptés, elles auraient le pouvoir, en cas de détournement de ces financements publics, d’en exiger le reversement assorti de pénalités.

« Opérer une rupture avec les saupoudrages d’aides publiques à l’aveugle. »