ATTAC France

L’impact de la mobilité financière sur les salariés, les salaires et l’organisation syndicale

Etude soumise à "U.S. Trade Deficit Review Commission

L’impact de la mobilité financière sur les salariés, les salaires et l’organisation syndicale : extrait...

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Le coût des ces fermetures et menaces de fermeture en réponse au syndicalisme va bien au-delà de syndicats brisés, de mouvements mis en échec et de campagnes de premières conventions. Sans effort intensif pour organiser les industries les plus mobiles à l’échelle de la nation, la densité syndicale va plonger encore, les conditions de travail vont encore s’aggraver, en même temps que les travailleurs perdront leur seul angle d’attaque contre les pires effets de l’économie mondiale. L’espoir d’un pouvoir collectif à même d’obtenir de réelles augmentations des salaires et des avantages, un volume horaire et un rendement plus raisonnable, une protection à long terme des emplois n’existera plus. Et l’insécurité des travailleurs quant à leur emploi dans l’économie actuelle, et leurs perspectives d’avenir va continuer à augmenter. Cette même insécurité continuera à dissuader les demandes d’augmentation de salaires et d’avantages, à contenir l’inflation, mais n’est aucunement positive pour les travailleurs américains, leurs familles et leurs communautés. Sans cette voix collective et ce pouvoir obtenu grâce aux syndicats, l’économie mondiale n’est plus qu’une course mondiale vers le bas pour les salaires, les conditions de travail et le niveau de vie qu’aucun pays ne va gagner.

Il y a deux moyens de casser ce poids de la mobilité du capital sur la confiance et la sécurité économique des travailleurs américains. Le premier est l’établissement de politiques de commerce et de taxes qui incorporent des normes de travail fortes et réalistes dans les accords commerciaux et offrent des outils dissuasifs pour les sociétés qui cherchent à déplacer les emplois hors des frontières, dans leurs efforts pour briser les syndicats existants ou éviter que de nouveaux s’organisent. Ces nouvelles normes de travail doivent inclure aussi bien des restrictions pour éviter que les sociétés ne délocalisent leurs activités dans d’autres pays pour échapper au syndicalisme que des garanties pour le droit à s’organiser, libre de toute interférence ou intimidation. De plus, les nouvelles normes doivent inclure des pénalités conséquentes en cas de violation de ces droits.

Le second nécessite des changements dans les lois des Etats-Unis pour permettre aux travailleurs et syndicats de démonter ou désarmer l’habilité des employeurs à se servir de la mobilité du capital et de la menace de cette mobilité pour décourager toute tentative d’organisation entre employés. Des aides, en terme de pénalités financières substantielles et d’injonction doivent être demandées pour éviter les violations des employeurs les plus fortes, en particulier les fermetures et les menaces de fermetures. De plus, l’actuel lenteur de la procédure des élections et des premières conventions doivent être remplacés par la reconnaissance de carte d’adhésion et l’arbitrage des premières conventions, ce qui permettrait d’éviter que les employeurs n’utilisent la menace de la mobilité du capital pour intimider les travailleurs et les décourager de voter pour les syndicats et de négocier un premier agrément..

Au moment où nous entrons dans le nouveau millénaire, la question n’est pas de savoir si nous devons totalement rejeter ou au contraire embrasser sans réserve la globalisation. En fait la question est de réordonnancer les impacts et avantages disparates de la globalisation afin que les politiques d’accords commerciaux et le code du travail ne servent plus d’abord et davantage les sociétés, aux dépens des travailleurs et des communautés, aux Etats-Unis et dans le monde. "