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Les Alternatifs

Contribution de la commission écologie

Tribunes Libres

PREMIERES PROPOSITIONS CONCRETES : ALTERNATIVES A LA POLITIQUE ENERGETIQUE

Quelles que soient les orientations que nous prendrons pour maîtriser nos consommations, les enjeux énergétiques à venir nous obligent à redéfinir, outre nos besoins, les capacités dont nous devons nous doter pour répondre à ces besoins.

Ces besoins et ces capacités relèvent de trois domaines principaux : la production d’énergie (chaleur et électricité pour l’industrie le résidentiel et le tertiaire, pour l’agriculture), le transport, l’habitat.

La production :

C’est une évidence qu’il serait impossible de passer totalement du jour au lendemain d’une production de 275 Mtep (Millions de Tonnes équivalents pétrole) toutes énergies confondues dont 110 Mtep de nucléaire et 12 Mtep d’ENR à 275 Mtep d’énergies renouvelables.

Nous évoquerons à ce propos le rapport entre la production d’énergie et son utilisation finale, c’est à dire le rendement de chaque filière, la filière nucléaire étant sans doute la plus désastreuse du point de vue du rendement énergétique. En effet, outre les faibles rendements des turbines à vapeur (20 %), l’énergie thermique perdue dans le refroidissement du réacteur, le transport de l’électricité en lignes très haute tension y ajoute des pertes par effet Joule. Autant d’énergie perdue pour au final alimenter notamment... des radiateurs électriques !

Je propose de passer en revue les alternatives possibles les plus réalistes :

La puissance de l’énergie photovoltaïque est limitée (2 m² = 60-70 W, soit une ampoule), et sa fabrication comprend un coût environnemental pour l’extraction et le traitement du silicium. Néanmoins, c’est certainement une énergie d’avenir, bien qu’encore coûteuse.

Le bois-énergie amené à se développer, surtout en chaudières individuelles ou en chauffage urbain ; la biomasse de manière générale. De grosses centrales de production d’électricité sont également programmées dans le cadre d’un A.O. français. La cogénération, turbine ou moteurs à gaz. Production de chaleur et d’électricité. Rendement élevé. Peine à se développer car EDF y met des freins. 5000 MW actuellement.

Les turbines à cycle combiné : l’alternative au nucléaire, mais peu de récupération de chaleur. Production trop centralisée, pertes d’emploi et émissions de GES. Avenir de l’incinération : diversification des filières de traitement et mise aux normes des rejets (dioxines) des incinérateurs. Il faut remettre en question ce tout incinération par le recyclage, si limité soit-il.

Le biogaz de décharge : production d’électricité surtout. Néanmoins, le gaz est très pollué par des silices qui viennent des cosmétiques. La décharge en elle-même contient beaucoup de déchets non triés. L’idéal serait de développer la filière méthanisation de produits organiques : tri-valorisation des déchets organiques par méthanisation et utilisation du gaz sur des moteurs. Après épuisement du gaz, utilisation du compost comme amendement organique pour l’agriculture.

Il est important de mettre en avant la perspective que représente pour les exploitants agricoles la valorisation des déchets organiques sur le lieu même de leurs productions dans des digesteurs de méthanisation : production de chaleur, d’électricité, de compost voire de biocarburants apportant à une exploitation une réelle autonomie énergétique.

La géothermie : devrait être plus favorisée, malgré des coûts de maintenance important. Il est possible de produire de la chaleur (réseaux de chaleur de L’Haÿ-les-roses, d’Alforville...ou pompe à chaleur), mais aussi de l’électricité (projet pilote à Soultz sous forêt en Alsace)

L’éolien

Le solaire thermique : il permet des réductions significatives de la consommation des carburants fossiles, pour l’Eau Chaude Sanitaire et le chauffage

L’hydraulique L’hydraulien : au début. Consiste à mettre des éoliennes sous la mer, dans les courants. Problème du stockage de l’énergie : batteries, stockage sous forme de réservoir d’hydrogène produit par électrolyse (voir ci-dessous) ? il y a peu de solutions clés en mains, et le stockage de l’énergie est un domaine à explorer. Par exemple, un barrage peut permettre de stocker l’énergie produite sous forme d’énergie potentielle.

Rappelons néanmoins les réserves officielles des différents combustibles :

Pétrole : 40 ans Gaz : 70 ans Uranium : environ 70 à 90 ans, dans des réacteurs à fission. Les réacteurs à fusion (ITER, Laser Mégajoules) étant très hypothétiques dans l’état actuel des connaissances Charbon : 200 ans

De toutes évidences, les énergies renouvelables ont de l’avenir, et il serait intéressant de confirmer le nombre d’emplois attendus par leur développement. Mais elles impliquent, même si des avancées sont possibles en matière de stockage d’énergie, une réduction drastique de nos consommations. Or, celles-ci continuent d’augmenter. Ainsi, la part des énergies renouvelables en France dans la consommation d’électricité est passée de 18 % en 1994 à 13, 5 % aujourd’hui ! Nous sommes loin de satisfaire les objectifs de 2010 qui sont de 21 % ! En particulier si le lobbying d’EDF et des amendements politiciens viennent freiner le développement des ENR, l’éolien en particulier.

D’où viennent ces surconsommations énergétiques : l’incitation des pouvoirs publics à consommer (EDF se vante de battre des records de production en plein hiver...), le développement d’un certain confort superficiel : électroménager (ne peut-on se passer de la télévision, du four à micro-ondes, de l’aspirateur du congélateur, de climatiseurs... ?), mais aussi la faible prise de conscience du gaspillage d’énergie (qu’en est-il de la « chasse au gaspi » des années 80 ?). Le chauffage électrique est moins cher à l’installation mais très coûteux en consommation, malgré les longs discours que nous entendons sur le « kWh le moins cher d’Europe ». Un autre facteur doit entrer en ligne de compte : Les nouvelles innovations technologiques (NTIC), incontournables aujourd’hui, et qui impliquent la création de nouvelles consommations d’électricité, par la climatisation nécessaire aux Centres d’Hébergement Informatiques (Internet). Ainsi, selon la revue Silence, les CHI ont entraîné une augmentation de 8 % de la consommation d’électricité aux Etats-Unis.

Le transport :

Difficile d’envisager l’après pétrole. Une remise en cause de notre modèle de société sera nécessaire, c’est certain. On ne pourra faire autant de kilomètres que nous en faisons depuis plus d’un siècle.

Les différents moyens de transport envisagés peuvent être :

La marche à pied

Le vélo

La traction hippomobile, en particulier dans le milieu agricole, et qui pour des raisons de coût du pétrole, reviendra sans doute Le biogaz : certains bus à Lille roulent au biogaz, mais la production reste très limitée

Les biocarburants : oui, mais ne risque-t-on pas de développer un nouveau productivisme ? : de vastes champs de colza ayant pour unique fin un carburant au dépend de l’auto-suffisance alimentaire du Sud et du Nord. Et le risque est grand que la filière OGM s’y engouffre. On nous a déjà sorti l’argument fallacieux de l’OGM « pour résoudre les problèmes de faim dans le monde », on va nous sortir la même litanie sur le carburant propre OGM L’hydrogène. Irréaliste. Les US utilisent même du charbon pour produire de l’hydrogène. On marche sur la tête. Il faut beaucoup d’énergie pour effectuer une hydrolyse de l’eau ou un craquage de la molécule de méthane. L’eau est à disposition mais pour combien de temps ? Quant au méthane, il vient des carburants...fossiles ou du biogaz. L’énergie pourrait venir d’un four solaire ou...d’une centrale nucléaire. Je pense que la filière hydrogène relève de la fuite en avant, et d’une vision technoscientiste.

La pile à combustible : elle fonctionne au combustible fossile ou...à l’hydrogène. Il reste à trouver comment produire de l’hydrogène (voir précédemment). Néanmoins, la PAC a de très bon rendement et la recherche progresse très vite. Si la filière hydrogène était réaliste, la voiture de demain serait à PAC. Mais on reste dans l’incertitude de l’économie de l’hydrogène. Seuls les pays les plus riches seront à même de la développer. La voiture solaire : totalement utopique.

Ne rêvons pas, il est probable que les transports feront l’objet d’une décroissance forcée (ou éclairée ?). En tout cas le transport aérien disparaîtra en premier, c’est certain, d’ici une vingtaine d’années. Le prix du Brent risque, même s’il se stabilise, de rester élevé. Actuellement, ce sont les professions pour qui les combustibles n’ont pas de taxes qui amortissent les hausses du brut qui payent le tribut d’un coût élevé : pêche, agriculture, transport.

L’habitat :

Plusieurs solutions existent pour améliorer le rendement énergétique des habitations. En Allemagne, il y a des maisons passives qui n’ont pas besoin d’aucun chauffage. Elles sont équipées d’une serre exposée au sud, et très bien isolées.

Mais on peut aussi revoir les surfaces d’habitat, et la conception globale de l’habitat, permettant une circulation d’air et une rationalisation des échanges thermodynamiques : cela s’appelle la bioclimatique en architecture.

Certaines habitations intègrent de la géothermie peu profonde (une pompe à chaleur échange de l’énergie entre l’intérieur et le sol), mais le réseau est enfouie dans la pelouse (pas de culture) et il contient du fréon. Une autre solution est le puits canadien qui consiste à faire circuler l’air du sous-sol pour réchauffer en hiver et refroidi en été.

De manière générale, la construction de demain devra intégrer les données des habitations traditionnelles, souvent empreintes de bon sens (je pense à la case mélanésienne sous les tropiques) ou les données de la Nature (un rideau de végétation constitue une barrière thermique naturelle). Il est important que les architectes étudient la nature au lieu de nous concevoir des grands tours vitrées mettant en pratique...l’effet de serre dans les bureaux.

L’objectif est de réduire les consommations de chauffage, d’eau chaude et d’électricité par habitat. Il ne suffira pas de maîtriser nos consommations. Il faut apporter des solutions techniques. En chaleur, les consommation sont de l’ordre de 21 kWh/m² habitable/an en Eau Chaude Sanitaire, ou 45-50 m3/logement par an. En chauffage, il faut compter 10 MWh/logement.

Pour l’électricité, cela demande de favoriser les ampoules basse consommation, ou les LED, mais aussi de remettre en question le tout électroménager, et les instruments laissés en veille : autre débat sur la consommation que nous avons évoqué plus haut : quels sont les éléments vraiment utiles ?

Thierry Folliard (commission écologie),


Le : 24.10.2005
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