Lorsqu’ils se sont créés en 1998, les Alternatifs affichaient leur volonté de faire du neuf, d’inventer un nouveau projet axé sur les solidarités, l’écologie, l’autogestion et le féminisme. Sept ans plus tard, force est de constater que nous n’avons pas réussi à concrétiser notre ambition. Notre part d’innovation a été faible et le projet rouge et vert que nous nous proposions de construire est resté embryonnaire.
Collectivement, nous devons nous interroger sur cet échec relatif, en tirer les conséquences pour repartir sur des bases plus solides.
La commission écologie,
VERS UN AUTRE DEVELOPPEMENT
L’ alterdéveloppement est une conception qui trouve son origine et ses fondements autour de la valorisation du qualitatif et dans la reconsidération du développement en produisant autrement. C’est :
une critique radicale de la croissance non partagée
une affirmation des solidarités avec les populations précarisées au Nord et pauvres au Sud
une aspiration et une proposition alternatives au développement capitaliste
Dans la jungle des concepts, comment soutenir une politique écologique responsable ? La décroissance interpelle (et c’est son argument fort), le développement durable a montré ses limites, la croissance est inégalement répartie, il convient d’aller vers un autre développement. La question est devenue une préoccupation sociétale, qu’importe l’appellation de cet axe politique, pourvu que les avancées sociales servent la cause écologique et que réciproquement se fasse la jonction du Vert avec le Rouge. Une alternative au développement économique à 2 vitesses (Nord/Sud) est nécessaire. Elle doit être basée sur les solidarités locales et internationales
L’alterdéveloppement induit un développement humain et une remise en cause de la croissance économique destructrice. Cet autre développement introduit la préservation des droits sociaux et la qualité d’environnement (problèmes sanitaires), le partage des richesses et l’abolition de la dette pour les pays du Sud. Un développement équilibré de la planète doit assurer la protection des ressources et des emplois socialement et écologiquement utiles. Il donne à la question de l’aide au développement une place essentielle pour remédier aux déséquilibres internationaux accentués par les politiques des grandes institutions dominatrices (FMI, Banque mondiale, OMC...). Si les problèmes écologiques et sociaux doivent être pensés globalement, il faut aussi agir localement.
En accord avec les conclusions des experts livrées à l’ONU, il revient à mesurer la finitude des ressources terriennes, les effets du réchauffement climatique, les menaces sur la biosphère et aussi à prendre en compte l’avenir de la collectivité humaine en s’opposant à l’attitude libérale qui délibérément tient compte des intérêts immédiats.
Le refus du productivisme effréné est la base de ce projet et il s’applique à l’agriculture (et sa population sacrifiée), à la limitation des transports (l’Europe des 25 a fait exploser les échanges routiers), à la conservation de nos paysages et au maintien de la biodiversité. Depuis plus de 30 ans, le transport terrestre a été privilégié pour libéraliser à outrance le transport routier, au grand bénéfice des transporteurs et au détriment de la SNCF qui n’a pas eu les moyens de mener une politique attractive Les conséquences sur l’environnement et la santé sont connues, le profit reste l’objectif n°1. Les routiers sont devenus les nouveaux « esclaves » de la société de consommation à flux tendu après l’expérience négrière du commerce maritime. Un volontarisme politique fort de la part des états est nécessaire si l’on veut réduire de manière significative les gaz à effet de serre. La concurrence multiplie les échanges et les émissions polluantes et augmente le déficit de souveraineté (alimentaire, énergétique...). L’endettement des ménages du Nord crée une passerelle avec la dette endémique des pays du Sud. Le problème du logement, de l’accroissement de la pauvreté et la précarisation des emplois au Nord ne freinent en rien la migration des populations pauvres vers le Nord, les problématiques des pays en développement trouvent un écho en Occident. L’exclusion gagne du terrain...
Un développement équitable implique une décélération de notre consommation en cessant le pillage des ressources du Sud, soit un développement harmonisé garantissant des jours meilleurs aux générations futures.
L’exemple du tsunami a ravivé la question du développement : les coraux et les mangroves (utilisés pour l’élevage de la crevette) n’auraient pas arrêté le tsunami, mais ils auraient pu en limiter les effets. Le développement pensé à court terme, sans approche planifiée, a des conséquences particulièrement néfastes pour l’environnement La perturbation des cycles naturels augmente les risques de cataclysmes. ( inondations au Bangladesh), réfugiés d’Afrique centrale ou du Darfour, paludisme (2 millions de morts par an) ou le sida (2,3 millions), sécheresse et désertification...sont quelques-uns des maux que doivent subir les habitants de ces pays.
Aujourd’hui le service de la dette est supérieur à l’aide que les pays pauvres reçoivent du Nord. Le remboursement s’élève à 375 milliards de dollars( contre 68 milliards perçus) Pendant de temps, les USA imposent leurs règles au monde tout en ayant 7600 milliards de dette. Il faut sortir de l’ethnocentrisme occidental et offrir aux partenaires du Sud de nouvelles perspectives (aide à l’autonomie/ autogestion, économie sociale et commerce solidaire...). C’est un défi qui implique une fiscalité internationale et une stimulation des économies locales par la micro-finance... La dette du Tiers monde et celle de l’Afrique est entretenue, la dépendance de même, la dette contractée est celle des civilisations occidentales qui ont pillé depuis plus de 400 ans les matières premières et la richesse humaine par l’esclavage. La gestion de notre passé colonial est difficile. Le FMI et la Banque Mondiale continuent par leur politique impérialiste d’assujettir et d’affamer des populations entières sous couvert d’aides internationales et de projets humanitaires.
Il est temps de dépasser une société qui réduit l’homme à sa seule dimension économique, en choisissant une voie socialement équitable. Car non seulement le capitalisme ne semble pas menacé par les contraintes écologiques mais il prétend les prendre en compte avec ce qu’on appelle le "développement durable". Le partage des richesses, l’aide à l’émancipation des pays du Sud et la relocalisation de l’économie sont des pistes à suivre pour la défense de nos droits et nos emplois, ici et ailleurs, en redonnant du sens au social, l’avenir se construit à la marge en reconstruisant des relations.
Wiliam Elie (commission écologie)