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Les "mardis" d’Espaces Marx : Soirée du 15 novembre

Pouvoir, pouvoirs : la domination de sexe comme sujet politique

Par Josette Rome-Chastanet

Une alternative aux sociétés qui régissent l’organisation capitaliste du monde peut-elle se construire sans intégrer pleinement la nécessité d’une rupture radicale quant aux rapports sociaux entre les sexes ?

La remise en question de la domination des hommes sur la société et la subordination des femmes restera marginale ou inconséquente si elle ne devient pas une question politique de premier plan.

Bases du débat Espaces Marx-l’Humanité du 15 novembre, ces questions ont été abordées par Michèle Riot-Sarcey, historienne ; Sylvie Jan, consultante en égalité femmes-hommes ; Nicole-Edith Thévenin, philosophe et psychanalyste ; Stéphane Rozès, politologue ; Jacques Ohlund, initiative féministe Suède et Lilian Halls-French, sociologue, IFE-EFI.

Débat animé, passionnant, mettant en visibilité les origines des obstacles, leur reproduction, mais aussi les nouvelles pistes ouvertes par le mouvement féministe, l’urgence d’une appropriation mixte - tant au niveau des individu-e-s que des organisations se réclamant d’un autre monde -, la nécessité pour le mouvement féministe, dans sa diversité, de retrouver du sens politique pour établir un rapport de forces et donc de jouer pleinement son rôle transformateur.

Le débat a été enregistré et donc on peut espérer une publication qui rendra mieux compte de son intérêt.

Voici donc quelques unes des paroles :

-  Les femmes sont objets de préoccupation , mais PAS SUJETS de l’Histoire.
-  Toutes les sociétés sont fondées - dans tous les domaines - sur la hiérarchie, et, en haut de la pyramide, domination masculine.
-  Les valeurs républicaines sont en crise. La PAROLE des gens qui se révoltent aujourd’hui n’émerge pas : on parle à leur place. La démocratie représentative est en crise, les représentant-es ne représentent pas la société : où sont les femmes ? les jeunes ? les salarié-es ? les immigré-es ? les pauvres ? Le système du pouvoir politique est en crise : les partis politiques se casseront la figure. Il faut revoir la démocratie représentative. C’est pourquoi la réelle égalité hommes/femmes est un atout démocratiquemajeur.
-  Les féministes, en posant “le privé est politique”, ont fait avancer toute la société, mais aujourd’hui le privé n’est pas un objet politique.
-  C ’est une chose de savoir que nous subissons la domination, c’en est une autre de comprendre qu’en tant que sujets nous découlons de cette domination. Il est nécessaire de reformuler la domination en terme de pouvoir, la reproduction de “l’ordre des choses” est l’intériorisation de la domination.
-  Le féminisme ne doit pas se contenter de la dénonciation, mais retrouver sa nature SUBVERSIVE.
-  L’expérience suédoise FI s’appuie sur ces analyses des rapports du mouvement féministe avec le pouvoir. Si FI accède au Parlement, il aura l’initiative de la formulation des questions en demeurant un mouvement extraparlementaire. Un échange intéressant a été initié par l’intervention de Sylvie Jan sur la démocratie participative. En voici quelques extraits :
-  La question du pouvoir, des pouvoirs, renvoie à un profond malaise : les échecs et les gâchis du 20è siècle...
-  Les tentatives de démocratie participative produisent- elles du nouveau, tendent-elles à produire de l’égalité politique entre les citoyens et les citoyennes ? Participent-elles à déconstruire les rapports traditionnels de pouvoir, de domination de sexe ? Une démocratie participative paritaire comme le demandent des féministes européennes est-elle possible ?
-  La démocratie participative, qui offre un nouveau cadre théorique, crée les conditions d’une nouvelle pratique politique.
-  Hypothèse : la démocratie participative est une démocratie en mouvement. Sa mise en oeuvre est traversée de tensions, de paradoxes, de complexité... Pour donner jour à une démocratie participative alternative à la démocratie patriarcale et libérale, un chemin nous paraît incontournable : celui de la lutte politique contre la domination de sexe... Cette question du pouvoir est ouverte, le débat engagé.

Le réseau européen Femmes et pouvoir : enjeux pour une autre Europe et l’IFE-EFI ont tenu récemment un séminaire sur le sujet et poursuivent ce travail : bienvenue à vous.

ife@efi-europa.org

Le : 09.12.2005
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