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Compte rendu

Forum - Alternative

Essonne - Corbeil-Essonnes

Le 21 novembre 2005

Organisé dans le cadre des 1000 Forums en France pour construire une alternative antilibérale à gauche ; 63 personnes présentes : militant-es du PCF, du PS, du PRS, d’Attac, syndicalistes, militants associatifs, simples citoyen-nes...

L’introduction met en exergue le besoin d’une autre politique à gauche, pour qu’une réelle alternative à la droite néolibérale prenne corps. C’est l’objectif de l’initiative des forums, impulsée par le PCF et visant au plus ample rassemblement.

Plusieurs thèmes seront à débattre, avec une première étape le forum national du 26.11, qui ne sera pas l’aboutissement du processus, juste une première étape décisive visible dans tout le pays. D’autres initiatives suivront, notamment, en Essonne, un forum départemental en janvier. Sur le processus, inédit et novateur, d’autant plus qu’il a lieu 2 ans avant une élection et qu’il sera exploité lors de l’année 2006, année sans élections et donc propice à la réflexion et l’approfondissement, tous les participants ont exprimé leur satisfaction, même si des nombreuses questions sur la forme et le fond surgissent. Il est souligné le besoin de ne pas réfléchir dans le vide, mais d’ancrer nos propos dans la réalité concrète vécue par tous nos concitoyens, surtout ceux des quartiers populaires, surtout après la crise gravissime que nous venons de vivre. La responsabilité de la gauche, notamment quand elle a été au pouvoir, a été soulignée, avec un sentiment d’échec, car, jusqu’ici, les accords ont été forgés au sommet, entre partis, sans véritable participation des citoyens, et aussi parce que la politique se faisait par délégation, sans exigence de suite, de comptes rendus aux citoyens. C’est pourquoi la démarche des forums-programmes rompt avec ce passé, en proposant non plus d’agir « pour », mais « avec » les gens.

La colère a été très présente lors de cette soirée : colère des habitants des Tarterêts, qui attendent du concret, qui luttent pour que leurs enfants aient un meilleur avenir (logement, travail, formation, égalité véritable, sans xénophobie et racisme) ; colère de tout le monde, après les événements graves qui se sont déroulés en banlieue et la riposte policière et fasciste du gouvernement avec l’instauration de l’état d’urgence ; colère de ceux qui en ont assez des attaques en règle du néolibéralisme en matière d’emploi et d’embauche (où il a été pointé par les syndicalistes le besoin que les entreprises comme la SNECMA soient créatrices d’emplois pour les jeunes locaux, et non destructrices) ; colère, enfin, généralisée face à l’offensive capitaliste qui casse tous les acquis qui permettaient aux générations passées d’avoir la certitude d’un meilleur avenir pour leurs enfants.

Les services publics ont été au cœur du débat, avec une exigence non seulement de les défendre comme des acquis, mais surtout de réfléchir globalement sur leur sens et leur mission économique, politique et sociale. Ont été évoqués la Poste, l’énergie, la santé (besoin d’abrogation des réformes en place qui favorisent sa privatisation, rappel de toutes les luttes menées depuis un bon moment par le Comité Local de Résistance pour la défense des hôpitaux d’Evry et de Corbeil), les transports, en référence aux revendications notamment des grévistes (RTM, SNCM). Sur ce point, il a aussi été rappelé que la politique des privatisations n’est pas le seul fait de la droite, mais que la gauche aussi, quand elle était au pouvoir (allusion au gouvernement Jospin) a beaucoup privatisé, d’où le besoin non d’évoquer simplement la renationalisation quand la gauche arrivera à nouveau au pouvoir, mais de mener une réflexion de fond pour la réappropriation des services publics par les citoyens et leur financement.

La question du pouvoir ou non des élus a aussi fait partie de la réflexion : besoin de faire passer le véritable pouvoir aux citoyens, qui, militants inscrits ou non dans les partis politiques, prennent la main pour dialoguer et proposer des solutions, ne les laissant plus aux spécialistes.

La question du changement de la donne politique après le 29 mai nous a aussi préoccupés ; l’accent a été mis sur la méthode qui nous a réunis, militants de sensibilités diverses et simples citoyens sans appartenance, autour de la question essentielle du refus de l’Europe libérale et de la concurrence généralisée, cette même concurrence qui a été pointée comme une des causes essentielles de la crise des banlieues (besoin de « compétitivité » et augmentation concomitante du chômage). Mais, comme c’était déjà le cas après les élections régionales, où la politique de la droite a été décriée, l’expression de la volonté du peuple n’a pas été entendue par les gouvernants. Cette volonté de s’opposer au capitalisme, dont le néolibéralisme est la force de frappe, existe toujours, malgré la fausse impression donnée par des médias diffusant la pensée unique d’une « France-qui-vire-à-droite »

D’où le besoin aussi de réfléchir sur le rôle des médias, audiovisuels et écrits, et sur les conditions de l’accomplissement de leur mission d’information du citoyen, mission qu’ils ne peuvent remplir s’ils passent sous la coupe des groupes financiers. D’où le besoin d’une vigilance citoyenne, qui doit s’exercer quotidiennement, comme l’ont bien montré les graves défaillances de certains médias du service public lors de la campagne du référendum.

Les valeurs de la gauche nous ont également préoccupés. Placer au centre de toute préoccupation le politique, et non l’économique, ce qui signifie que la personne humaine et ses droits inaliénables deviennent notre credo suprême dans tous les domaines : c’est l’exigence sine qua non pour une véritable vision de gauche de la société. Dans ce cadre, toujours en référence à la crise des banlieues, il a été souligné l’importance de la clarification de certaines notions qui ne font pas l’unanimité et peuvent prêter à confusion, comme l’intégration « républicaine », la différence entre intégration et assimilation, la citoyenneté de résidence, le droit « à la différence »...

Cela a été l’occasion de rappeler que notre regard doit se porter au-delà de frontières de la France, afin de constater que, malgré l’offensive capitaliste, belliqueuse et moralisante qui sévit en Europe même sous des gouvernements étiquetés de gauche, les peuples tentent d’organiser leurs résistances, et réussissent de plus en plus à montrer leur combativité, qui fait avancer les choses pour la gauche. L’exemple récent de la convention européenne des collectivités locales « hors AGCS » en est une preuve, tout comme l’organisation d’une riposte européenne contre la directive Bolkestein, qui culminera avec une manifestation devant le parlement européen à Strasbourg, en janvier.

En conclusion, nous avons tous été d’accord qu’un programme (tout le monde n’était pas d’accord pour dire que c’est un programme électoral que nous sommes en train d’élaborer) ne se réduit pas à un empilement de mesures, mais qu’il doit être porteur d’une véritable ambition d’alternative, non de simple alternance, et qu’il doit rassembler bien au-delà des partis pour transformer la colère, le désespoir et l’indignation en force, voire en utopie créatrice.

Plusieurs initiatives locales ont été annoncées :

-  manifestation départementale de la CGT pour l’emploi le jeudi 24 novembre
-  forum local de Corbeil pour construire une alternative pour la ville, le mercredi 30 novembre
-  première réunion du réseau de lecteurs et amis de l’Humanité le jeudi 8 décembre, à 18h30, au café « Le Soleil de la Mésopotamie », rue Féray, à Corbeil
-  manifestation lors de la prochaine réunion du CA de l’hôpital le 16 décembre
-  initiative des habitants des Tarterêts le samedi 17 décembre, de 14h à 17h, pour donner la parole « aux sans »

Trois ateliers seront d’ores et déjà organisés :

-  Emploi en France et sur la circonscription (pilote Frédéric Bourges)
-  Formation , Ecole (pilote Anne Coulon)
-  Europe (pilote Dina Bacalexi, en collaboration avec Elisabeth Gauthier)

Prochain rendez-vous local vers la fin janvier ou en février


Le : 06.12.2005
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