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La paix, passeport obligé , pour une autre alternative !

Par Michel Verger

Parler de paix est souvent générateur de consensus (surtout à la fin des discours). Pacifique ou pacifiste ce n’est pourtant pas la même chose.

Dans l’Humanité du 14 novembre Pierre Vilard du Mouvement de la paix situe bien le problème quand il dit :

" Nous ne disons pas que la paix sera le résultat des changements du monde. Nous disons que la promotion de la culture de la paix est des moteurs du changement du monde". Mesure-t-on bien ce que cela veut dire ? Je n’en suis pas certain quand dans les textes, les résolutions de congrès, le PCF relègue cette question au dernier chapitre comme si cela dépendait fatalement de tout ce qui précède. Nos théoriciens sont en panne sèche sur cette question alors qu’elle devient la question fondamentale. Peut-on parler d’alternative quand la société se militarise de plus en plus et diminue d’autant les dépenses sociales ? Peut-on parler d’alternative quand le stock d’armes nucléaires (et les autres...) est en capacité de détruire plusieurs fois la planète et que cette perspective n’est rejetée, ni par Mohamed El Baradai de l’AIEA, ni par de nombreuses personnalités scientifiques, militaires... ?

Le monde d’aujourd’hui est dangereux par les crises provoquées par le capitalisme dominant. Leur résolution est le recours à la politique de la force plutôt qu’à la force de la politique. La priorité aujourd’hui c’est d’inverser les choses. Désarmer, développer, démocratiser pour nourrir, soigner, éduquer et donner du travail à ces millions d’êtres humains qui vivent sous le seuil de pauvreté en France et dans le monde. La paix pour changer le monde... aura-t-on la lucidité et le courage de l’intégrer dans notre réflexion et d’en faire non pas une sage conclusion consensuelle mais un des moteurs pour construire une société civilisée ?

La visée communiste n’a de sens qu’à la condition d’imposer au monde un des plus grands actes révolutionnaires à notre portée : le non recours à la guerre pour régler les conflits. C’est à dire le début de la mise en oeuvre d’une culture de la paix pour créer les conditions réelles d’éclosion d’une autre société.

Je salue ici le premier congrès de la gauche européenne qui s’est tenu à Athènes les 30 et 31 octobre dernier. Il répond pleinement à la situation actuelle en faisant de la construction de la paix sa priorité. Ce fait rarissime dans nos projets mérite d’être souligné par sa nouveauté dans l’ordre des choses et dans sa pertinence pour enrichir des voies alternatives.

En effet, la construction d’une alternative pacifiste est sans équivoque dans la présentation de la motion soumise au congrès.

Construire : 1- La paix. 2- un autre modèle économique pour une Europe sociale. 3- une démocratie participative et radicale.4- des alliances.

Le contenu aurait mérité plus d’attention autant dans notre presse que dans nos organismes de direction. Dommage.

Extrait :

" Le nouveau mouvement pour la paix (l’autre “ pouvoir mondial ” qui est apparu dans la phase actuelle) peut et doit révéler le rapport radical qui existe entre le modèle de société néolibéral et la guerre menée par la mondialisation capitaliste, tout en travaillant à un modèle de société alternatif. Le nouveau mouvement pour la paix est une force désarmée et désarmante, porteuse d’une idée de paix qui ne signifie pas seulement l’absence de guerre ou un état d’équilibre basé sur la puissance des armes, mais qui est, au contraire, une idée qui vise à l’établissement d’un modèle social et économique comme alternative au néolibéralisme et à la guerre."

La déclaration d’Athènes adoptée à l’issue du congrès réaffirme, sans équivoque, cet engagement :

"L’Europe a besoin d’être refondée sur la base de la paix, de la démocratie et du respect total des droits sociaux et humains."

Si l’idéal communiste a pâti d’expériences malheureuses, il a tout à gagner à montrer sa fidélité et sa pugnacité à gagner durablement la paix.

Michel Verger

Le : 24.11.2005
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