Sous l’impulsion des « révolutions libérales », ou plutôt des
restaurations conservatrices, menées depuis la fin des années
1970, le poids de la fiscalité est désigné comme la source de
toutes les difficultés économiques.
Ce qui était considéré comme la manifestation d’un populisme
douteux prend les allures d’un discours moderne. La droite a
perdu tous ses complexes en matière fiscale et poursuit deux
objectifs : réduire encore et toujours le montant des prélèvements collectifs pour contraindre le périmètre des services publics et limiter, autant qu’il est présentable de le faire, la progressivité de l’impôt.
A l’idéologie du « toujours moins d’impôts et de charges »
nous devons opposer la conception citoyenne des contributions
publiques qui est au coeur de notre identité.
Une réforme fiscale, au contraire des politiques inspirées par l’ultralibéralisme, doit consister à accroître la progressivité, l’assiette et le rendement de l’impôt sur le
revenu, instrument redistributif par excellence.
Celle-ci peut se décliner selon cinq axes :
• Il ne peut exister de niveau théorique optimal pour
les contributions publiques. Nous définissons d’abord le
périmètre de l’action publique en termes de besoins, en
éducation, en formation, en protection sociale. Ce sont
ces besoins qui déterminent alors le montant total des
contributions à lever. Poser comme principe la nécessité
d’une réduction de la fiscalité revient tôt ou tard à
réduire l’action de la puissance publique. Nous devons
rappeler à ceux qui pensent bénéficier d’une baisse de la
fiscalité qu’ils devront en payer le prix en supportant personnellement
un coût supérieur en termes d’assurance.
• Le domaine de la progressivité doit s’étendre au détriment
de la proportionnalité. La fiscalité est un instrument
de financement. Elle doit aussi devenir plus qu’aujourd’hui
un instrument de redistribution, cette dernière
ne venant pas seulement corriger les inégalités de revenus,
mais également les inégalités territoriales.
• La contribution aux charges collectives ne peut reposer
essentiellement sur les revenus du travail. Les
profits doivent également participer au financement de
la protection sociale. La fiscalité doit traiter plus équitablement l’activité, la rente et la spéculation. Les prélèvements sur les revenus financiers ou fonciers doivent
être revus, notamment par la suppression des « niches
fiscales » qui dénaturent notre système d’imposition.
• La participation aux charges collectives doit prendre
en compte les charges futures. La promotion d’une
croissance économique plus respectueuse de l’environnement
passe par une taxation écologique, favorable aux
innovations technologiques économes en énergie et en
ressources non renouvelables, défavorables aux activités
polluantes.
• Le rééquilibrage entre fiscalité directe et indirecte doit être privilégié
Les Français attendent de nous des réformes cohérentes,
justes, claires, favorables au pouvoir d’achat des plus
modestes.
Nous proposons :
• Une fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG, ce
qui aura pour effet de rendre notre système de prélèvements
plus progressif, donc plus juste. Cette fusion permettra
de revoir les tranches et les taux qui devra aboutir,
au voisinage du SMIC, à un supplément de pouvoir
d’achat qui rendra la PPE inutile. Restaurer la valeur travail, c’est cela aussi.
• Le transfert d’une partie des cotisations sociales
patronales, qui pésent aujourd’hui sur la seule masse
salariale, sur la valeur ajoutée, pour que l’essentiel du
financement de la protection sociale ne repose plus sur
les secteurs intensifs en main d’oeuvre, et pour que les
profits contribuent au financement de la protection
sociale.
• La taxation lourde des indemnités de départ scandaleuses
que s’octroient certains grands patrons et de
taxer de manière dissuasive les « stocks options », car
ce dispositif incite à privilégier un pilotage à courte vue
des entreprises, axé sur les profits à court terme au détriment des investissements à long terme.
• La création d’une véritable taxe écologique plus incitative
et plus dissuasive, incluant le volet « énergie »
qui lui fait actuellement défaut. L’arme fiscale se prête
particulièrement bien à la correction des dommages à
l’environnement, en ciblant précisément les pollueurs.
• La taxe d’habitation est injuste. Pour corriger cette
injustice, il faudra prendre en compte les revenus.