Coupes budgétaires sans précédent, postes d’enseignants supprimés, aides-éducateurs et surveillants liquidés : depuis trois ans, la droite a massacré la priorité à l’éducation. De nouveau, elle propose de remettre en cause le service public au profit du privé et laisse s’aggraver les inégalités scolaires.
En effet, si notre système éducatif a su relever le défi de la massification, celle-ci ne s’est pas prolongée par une véritable démocratisation : 60 000 jeunes quittent chaque année le système scolaire sans qualification. Les enfants de famille ouvrière ne représentent que 10 % des étudiants. Les inégalités de départ (revenu, logement, santé) ont un effet direct sur les résultats scolaires.
L’école est devenue elle aussi un point névralgique des phénomènes de ségrégation sociale et ethnique. Beaucoup de
parents de toutes conditions doutent désormais des capacités
de l’école et même de l’université à assurer un avenir professionnel à leurs enfants.
Ils ne retrouveront confiance que si les voies de l’excellence se conjuguent avec la perspective d’une égalité réelle.
a) L’école pour tous
Jaurès disait que l’école était « le vestibule des temps nouveaux ». Cette formule reste vraie. Mais il faut prendre justement la mesure des temps nouveaux. Le progrès d’un pays va de pair avec celui de la démocratisation. Nous ne gagnerons pas le pari de l’efficacité, à un moment où la mondialisation demande de développer les compétences et les qualifications, sans gagner celui de la justice.
Nous avons bien conscience de l’inquiétude qui existe
aujourd’hui pour les élèves, les parents et les enseignants, tant la formation est importante. Quand tout paraît se jouer aux premiers âges de la vie, quand les différences entre les filières sont trop grandes, quand l’accès aux grandes écoles ou aux universités prestigieuses sont devenus le privilège de quelques uns. Aujourd’hui, le développement de l’enseignement privé et de la marchandisation de l’accompagnement scolaire menacent le principe de l’école publique. En outre, l’université française risque de se faire distancer à l’échelle européenne et internationale.
Dans ce contexte, Il faut évidemment reprendre les politiques
initiées par la gauche depuis les années 1980, une priorité
budgétaire qui ne s’est jamais démentie, des mesures pour individualiser les pédagogies, la définition d’une culture commune, la valorisation de l’enseignement professionnel, avec notamment les lycées des métiers, le développement des langues vivantes, l’harmonisation européenne des diplômes de l’enseignement supérieur, etc... Mais, nous voulons proposer des efforts nouveaux.
Créer un service public de la petite enfance. Les inégalités sont massives à cet âge. Investir en amont, c’est
faire en sorte que la pauvreté des parents n’affecte pas de
manière rédhibitoire le succès de leurs enfants. Ce service
couvrirait la généralisation des crèches, les gardes d’enfants, la lutte contre la pauvreté infantile, le suivi médical et psychologique. Aujourd’hui ces politiques sont trop parcellaires et doivent être coordonnées. La pré-scolarisation à deux ans doit devenir l’objectif de la prochaine législature.
Aller au coeur des inégalités : 15 élèves par classe en
ZEP. Si les Zones d’éducation prioritaires n’ont pas eu l’impact souhaité, c’est que les moyens ont été trop saupoudrés.
Le classement en ZEP donne lieu seulement à 10 %
de ressources supplémentaires. Les effets de stigmatisation
l’emportent alors. Nous devons au contraire faire en
sorte que le label ZEP devienne un signe de dynamisme. Il
faut améliorer la carrière des enseignants dans ces établissements.
Accompagner les élèves : un grand plan périscolaire
sera lancé pour combiner aides aux devoirs, activités sportives et éveil culturel en coopération avec les collectivités locales et les mouvements d’éducation populaire. Tout jeune entre 6 et 16 ans devra être pris en charge à la sortie de l’école (activités sportives, culturelles...).
Intégrer tous les enfants : des internats seront prévus
pour offrir des moyens aux élèves qui sont dans un milieu
trop défavorable et la scolarité des enfants handicapés en
milieu scolaire sera privilégiée.
Promouvoir les universités françaises : il s’agit d’abord
de permettre au plus grand nombre d’y accéder. Notre
objectif est d’amener d’ici 10 ans, 60 % d’une classe d’âge
à Bac + 3. Il n’y a pas trop d’étudiants, bien au contraire.
À la condition d’améliorer le taux de réussite dans les premiers cycles universitaires et d’amplifier la mobilité des
étudiants dans les universités étrangères. Il s’agit ensuite
d’accroître les moyens de l’enseignement supérieur et de
porter sur cinq ans la dépense par étudiant au niveau de la
dépense par lycéen. Il faut aussi changer radicalement les
modes de recrutement des grandes écoles pour les ouvrir à
toutes les catégories d’étudiants et de populations, et
notamment établir un quota par lycée par l’entrée en classe
préparatoire. Enfin, il faudra également poursuivre l’effort
de contractualisation de l’Etat avec les universités.
Toutes ces politiques ne vaudront qu’avec le concours actif des enseignants et de toutes les équipes éducatives . Nous ouvrirons une large concertation dès avant 2007 avec les syndicats de l’Education Nationale pour faire le point sur les conditions d’exercice du travail éducatif aujourd’hui. Elles ont changé dans les dernières décennies. Nous devons en tenir compte en termes de recrutements et de pré-recrutements, de formation, d’évolutions de carrière. Nous mettrons en oeuvre une loi de programmation pluriannuelle sur l’Education.
b) L’autonomie pour les jeunes
Les jeunes entrent plus tard qu’hier dans la vie active, par
l’effet de l’allongement des études ou des difficultés d’insertion dans le monde du travail ; ils n’en ont pas moins
besoin d’autonomie en atteignant l’âge adulte.
Un plan pour l’autonomie des jeunes sera mis en oeuvre :
augmentation des bourses, garantie pour les jeunes d’obtenir
les stages nécessaires dans le cadre de leur formation,
amélioration des rémunérations des stagiaires et des
apprentis, plan social étudiant, logement étudiant, accès
aux soins, accompagnement personnalisé systématique
vers l’emploi. Parallèlement, les adolescents ont changé,
parce que leur découverte du monde est plus précoce et
emprunte des voies plus diversifiées, mais aussi parce qu’ils
sont touchés par l’angoisse du chômage, et confrontés à
une société dans laquelle ils ont du mal à trouver leur
place. L’école et ses partenaires doivent tenir compte de
cette mutation et prendre en charge globalement les adolescents, au-delà de sa mission traditionnelle de transmission des savoirs, qu’il s’agisse d’éducation à la sexualité et à la santé, d’éducation à l’image ou de décryptage des codes sociaux.
c)Une société de l’éducation tout au long de la vie
Pour nous, socialistes, tout travailleur, toute personne doit
pouvoir avoir accès à l’éducation et à la formation tout au
long de la vie. Ce nouveau droit doit être accessible à tous
et sera d’autant plus large que la formation initiale aura été courte. Nous voulons :
Un droit universel, c’est-à-dire reconnu à tous (quels que
soient son statut ou sa situation : chômeur, salarié, fonctionnaire, indépendant, jeune sans qualification) ;
L’égalité d’accès garantie par une prise en charge financière ;
Ce droit est un des piliers de la sécurisation des parcours
professionnels et sociaux que les socialistes ont l’ambition
de mettre en oeuvre.
d)La culture pour tous
La culture est au coeur d’un projet de gauche, car elle permet à chacun de s’émanciper et de s’ouvrir aux autres et au monde.
La place des artistes dans notre société est essentielle, car
l’acte de création est un acte de liberté.
La mondialisation peut produire le pire, l’uniformisation
des cultures, leur réduction à une sous-culture standardisée.
Elle peut produire le meilleur, le respect de la diversité,
la multiplication des échanges. Sans action publique, le
pire est certain.
L’Europe doit à cet égard faire plus, non seulement pour
défendre l’exception culturelle, mais aussi pour se donner
les moyens d’une création vivante et forte et d’une accession
de tous à celle-ci. Ce que nous avons fait au niveau
français, pour le cinéma, pour le livre, doit être accompli
au niveau européen.
Notre politique culturelle permettra notamment de :
Développer l’éducation artistique à l’école, comme fondement de la sensibilisation de la population à l’importance de la culture. L’égalité devant l’accès au savoir est essentielle ; elle doit aussi être valable pour l’éducation artistique.
Consolider les droits des artistes en prévoyant le droit
d’auteur dans l’environnement numérique et en préservant
le droit des intermittents dans le cadre de la solidarité
interprofessionnelle ;
Proposer une loi de programmation pour soutenir le spectacle vivant ;
Favoriser une politique culturelle européenne pour intensifier la circulation des oeuvres et reconnaître la diversité culturelle.
Dépasser la problématique habituelle de la décentralisation, en élaborant une politique culturelle publique préalable à toute répartition de compétences entre Etat et Collectivités.
Favoriser les cultures et les langues régionales.
e)Le Sport
Le sport est un élément important d’éducation et de formation. Un droit au sport pour tous sur tous les territoires et dans tous les secteurs de vie doit être reconnu, ainsi que la reconnaissance de la contribution du sport aux politiques de santé publique, ce qui implique notamment une action soutenue de lutte contre le dopage.