Par Francine Bavay, vice-présidente du conseil régional d’ILE DE FRANCE (les verts)
J’ai une version optimiste de la situation et une autre pessimiste. Optimiste parce qu’il y a une nouvelle conscience de l’urgence à agir, de la finitude de la planète.
Des citoyens se lèvent et essaient de trouver des solutions passant souvent par la localisation, la réinscription de leurs activités dans les territoires. Cela a remis à l’ordre du jour
les valeurs de l’économie sociale et solidaire que les altermondialistes défendent par ailleurs. Mais il nous faut aller plus loin et nous en avons les moyens. Je crois que nous sommes tous d’accord pour dire que nous ne pouvons pas faire supporter par les générations futures des risques dont nous ne connaissons pas l’ampleur (...). Nous avons les moyens aujourd’hui d’affronter la question du nucléaire parce qu’il y a des possibilités d’énergies renouvelables et parce que nous sommes conscients que nous devons lutter contre le libéralisme. Avec cinquante-sept réacteurs nucléaires la France est dans une situation de surproduction qui l’oblige à faire concurrence aux productions des autres pays européens et qui, sur le fond, ne nous arme pas pour faire de l’accès à l’énergie le droit inaliénable que nous voulons.
Mon pessimisme vient des risques énormes pour l’humanité que représentent des catastrophes technologiques comme Tchernobyl, mais aussi des catastrophes de marché comme on l’a vu en Argentine (...).
Il nous faut être capables d’inventer de nouveaux modes d’organisation de nos échanges, de choisir des technologies dont nous soyons sûrs qu’elles respectent le principe de précaution, de penser nos modes de vie en intégrant non pas le principe de rareté mais le principe de sobriété c’est-à-dire s’abstenir de gaspiller.
Ce mode de développement que je qualifierais d’économe est certainement un mode de développement écologique que nous pourrions tous nous approprier parce que l’écologie n’appartient surtout pas aux seuls Verts. Il nous faut agir vite, avec courage, parce qu’il faut des ruptures symboliques qui montrent que nous entrons dans une autre phase qu’on a appelée le développement durable et solidaire. Cela signifie qu’il nous faut dire ensemble que lutter contre le productivisme et le libéralisme - parce qu’ils sont liés - nécessite plus que des discours. La preuve de notre volonté sera de faire des propositions concrètes assimilables immédiatement par la société qui les attend. »
Par Francine Bavay, vice-présidente du conseil régional d’Île-de-France (les Verts).